Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et le président chinois Xi Jinping. Crédit photo: JAVIER SORIANO / archives /AFP
Invité par Xi Jinping à Pékin, le Premier ministre espagnol veut montrer que son pays a gagné en influence internationale, à quelques mois de la présidence espagnole de l'Union européenne mais aussi d'une élection qui décidera de son avenir personnel.
Pedro Sanchez sera jeudi et vendredi en Chine, où il s'entretiendra avec le président chinois après avoir participé au Forum de Boao pour l'Asie (BFA), sur l'île de Hainan.
Une visite qui fera du leader socialiste le deuxième dirigeant d'un pays de l'UE à se rendre en Chine depuis le début de la pandémie de Covid 19, il y a plus de trois ans, après le chancelier allemand Olaf Scholz en novembre.
Le président français Emmanuel Macron s'y rendra, pour sa part, du 5 au 8 avril, accompagné de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
L'invitation de M. Sanchez, qui marque le 50e anniversaire de l'établissement des relations entre les deux pays, prouve
"la reconnaissance internationale apportée à l'Espagne dans un moment de difficultés géopolitiques si complexe"
, a affirmé jeudi dernier le Premier ministre espagnol en arrivant à Bruxelles pour un sommet européen.
Son entretien avec Xi Jinping sera notamment consacré au conflit en Ukraine, dans lequel le dirigeant chinois tente de se poser en médiateur. La
de la Chine
"doit être écoutée si nous voulons pouvoir mettre fin à cette guerre"
, a affirmé vendredi Pedro Sanchez.
L'Espagne n'est bien sûr pas
"dans la première division des acteurs mondiaux et n'est pas un acteur décisif sur la question stratégique relative à la Chine ou à la Russie"
, mais elle
"peut être un facilitateur"
, dans la mesure où ses relations avec Pékin sont fluides, estime José Ignacio Torreblanca, du think tank "European Council on Foreign Relations".
Premier ministre au profil très international, M. Sanchez a, dès son arrivée au pouvoir en juin 2018, affiché sa volonté d'accroître la visibilité de l'Espagne.
Après une
du pays dans l'UE, liée en particulier au profond marasme économique des années 2010 provoquée par la crise financière de 2008, Madrid a eu ces dernières années
"une attitude beaucoup plus proactive à l'heure de défendre des positions, de présenter des idées"
à Bruxelles, estime Raquel García, experte de la politique européenne de l'Espagne au sein de l'institut Elcano de Madrid.
M. Sanchez, qui est parvenu à placer en 2019 son ministre des Affaires étrangères de l'époque, Josep Borrell, à la tête de la diplomatie européenne, a su aussi profiter de
"la perte de leadership de l'axe franco-allemand"
pour imposer l'Espagne comme un pays pouvant
"faire la différence à l'heure de sceller des alliances"
, poursuit l'analyste.
Très atlantiste, le dirigeant espagnol a apporté, par ailleurs, depuis le début du conflit en Ukraine, un soutien sans failles à Kiev, où il s'est rendu à deux reprises.
"Renforcer son leadership"
Et si son pays est très éloigné de l'Ukraine, il accueille plus de 165.000 réfugiés de ce pays, ce qui le place en quatrième position dans l'UE derrière la Pologne, l'Allemagne et la République tchèque, selon Eurostat.
"L'Espagne ne fait pas partie du G7 et est seulement invitée au sein du G20. C'est donc en Europe qu'elle peut le mieux exercer une certaine forme de leadership"
, selon Raquel García. Dans cette optique, se positionner clairement sur le dossier ukrainien est
"une façon de renforcer son leadership"
sur
"le sujet qui est aujourd'hui central"
dans l'UE.
D'autant que l'Espagne exercera à partir du 1er juillet, pour six mois, la présidence tournante du Conseil de l'UE, un thème qui sera également au centre de ses discussions avec Xi Jinping.
"La Chine veut obtenir des choses précises de l'Union européenne et veut s'approcher pour cela de Pedro Sanchez"
en amont de la présidence espagnole, estime José Ignacio Torreblanca.
Ce goût pour la diplomatie de M. Sanchez à qui l'on prête des ambitions internationales une fois sa carrière terminée en Espagne, peut en outre, être un atout à quelques mois d'élections législatives prévues en fin d'année en Espagne, même si le scrutin ne se jouera évidemment pas sur la politique internationale.
"La tentation existe toujours de profiter de la politique extérieure à des fins électorales pour une raison très simple: c'est un sujet sur lequel l'opposition"
, en tête dans les sondages,
, souligne M. Torreblanca.
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