
La plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud contre Israël est décrite comme la plus solide jamais présentée devant la Cour internationale de Justice (CIJ), alors que les bombardements et le blocus israéliens aggravent la catastrophe humanitaire à Gaza.
Depuis le 7 octobre 2023, au moins 64 718 Palestiniens ont été tués et 163 859 blessés lors des attaques israéliennes. La famine, la soif et l’effondrement quasi total des fournitures médicales menacent des millions de civils déplacés, entassés dans des abris improvisés et exposés en permanence au risque de maladies.
William Schabas, professeur de droit international à Middlesex University au Royaume-Uni, a déclaré à Anadolu que les actions israéliennes constituaient un génocide et des crimes contre l’humanité. Il a cité les attaques disproportionnées contre les civils, l’utilisation de la faim comme arme de guerre et les violations des droits humains.
Les actions illégales d’Israël
Schabas a souligné que la présence d’Israël à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est est illégale, rappelant qu’à la différence de la Cour pénale internationale (CPI), qui poursuit des individus, la CIJ tient les États responsables en vertu de la Convention sur le génocide.
Précédents et singularité du dossier
Il a cité les affaires de génocide de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie contre la Serbie comme références importantes. La CIJ avait jugé en 2007 qu’un génocide avait eu lieu à Srebrenica, tenant la Serbie responsable pour ne pas l’avoir empêché.
Double standards
Schabas a insisté sur le fait que l’article 3 de la Convention sur le génocide couvre aussi la complicité. Il a rappelé la plainte du Nicaragua contre l’Allemagne en mars 2024 pour son aide militaire à Israël, soulignant que Berlin avait accepté la compétence de la Cour et pouvait donc être jugé.
Schabas a critiqué des pays comme l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, les Pays-Bas et le Danemark pour avoir reconnu le génocide au Myanmar tout en le niant à Gaza.
Trump et complicité à Gaza
Schabas a suggéré que le président américain Donald Trump pourrait être accusé de complicité dans des crimes de guerre, évoquant ses sanctions contre les juges de la CPI.
Mandats d’arrêt et responsabilité
Concernant les mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens, dont le Premier ministre Benyamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, Schabas a indiqué qu’ils restent surtout symboliques, les chances d’arrestation étant faibles.
Il a estimé que poursuivre les dirigeants et hommes d’affaires occidentaux complices de génocide et de crimes de guerre serait plus efficace. Néanmoins, Netanyahu et Gallant risquent la détention s’ils voyagent dans l’un des 125 États membres de la CPI.
Histoire familiale et poids moral
Il a aussi rappelé qu’il était issu d’une famille juive de survivants de l’Holocauste.