Plainte sud-africaine contre Israël pour génocide : "la plus solide jamais déposée" à la CIJ, selon un expert

15:3713/09/2025, Cumartesi
MAJ: 13/09/2025, Cumartesi
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Des personnes entourent les cadavres de Palestiniens, certains tués tôt le matin lors de frappes israéliennes et d'autres tués la veille alors qu'ils cherchaient de l'aide humanitaire près de Zikim, à l'ouest de Beit Lahia, dans la cour de l'hôpital al-Shifa à Gaza, le 7 septembre 2025.
Crédit Photo : Omar AL-QATTAA / AFP
Des personnes entourent les cadavres de Palestiniens, certains tués tôt le matin lors de frappes israéliennes et d'autres tués la veille alors qu'ils cherchaient de l'aide humanitaire près de Zikim, à l'ouest de Beit Lahia, dans la cour de l'hôpital al-Shifa à Gaza, le 7 septembre 2025.

La plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud contre Israël est décrite comme la plus solide jamais présentée devant la Cour internationale de Justice (CIJ), alors que les bombardements et le blocus israéliens aggravent la catastrophe humanitaire à Gaza.

Depuis le 7 octobre 2023, au moins 64 718 Palestiniens ont été tués et 163 859 blessés lors des attaques israéliennes. La famine, la soif et l’effondrement quasi total des fournitures médicales menacent des millions de civils déplacés, entassés dans des abris improvisés et exposés en permanence au risque de maladies.


Des experts estiment que les actions d’Israël démontrent une
"intention génocidaire"
au regard du droit international.

William Schabas, professeur de droit international à Middlesex University au Royaume-Uni, a déclaré à Anadolu que les actions israéliennes constituaient un génocide et des crimes contre l’humanité. Il a cité les attaques disproportionnées contre les civils, l’utilisation de la faim comme arme de guerre et les violations des droits humains.


Les actions illégales d’Israël


Schabas a souligné que la présence d’Israël à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est est illégale, rappelant qu’à la différence de la Cour pénale internationale (CPI), qui poursuit des individus, la CIJ tient les États responsables en vertu de la Convention sur le génocide.


"Cela fait 77 ans que la Convention sur le génocide a été adoptée, et environ 20 affaires ont été portées devant la CIJ au fil des ans. Cela représente environ 10 % de toutes les affaires. La plainte de l’Afrique du Sud contre Israël est la plus solide",
a-t-il affirmé.

Précédents et singularité du dossier


Il a cité les affaires de génocide de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie contre la Serbie comme références importantes. La CIJ avait jugé en 2007 qu’un génocide avait eu lieu à Srebrenica, tenant la Serbie responsable pour ne pas l’avoir empêché.


"Mais bien sûr, dans le cas de l’Afrique du Sud contre Israël, il ne s’agit pas de prévenir un génocide, car Israël est accusé d’en être l’auteur",
a précisé Schabas.

Double standards


Schabas a insisté sur le fait que l’article 3 de la Convention sur le génocide couvre aussi la complicité. Il a rappelé la plainte du Nicaragua contre l’Allemagne en mars 2024 pour son aide militaire à Israël, soulignant que Berlin avait accepté la compétence de la Cour et pouvait donc être jugé.


"Je ne pense donc pas qu’il y ait de doute que les États-Unis, l’Allemagne et d’autres qui aident Israël en fournissant des armes ou d’autres formes de soutien, savent ce qu’Israël fait",
a-t-il déclaré.

"Ils ferment les yeux et prétendent que ce n’est pas un génocide, alors que nous avons un dossier avec des preuves solides. L’Association internationale des chercheurs sur le génocide a publié une déclaration avec de nombreux éléments confirmant qu’un génocide est commis à Gaza."

Schabas a critiqué des pays comme l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, les Pays-Bas et le Danemark pour avoir reconnu le génocide au Myanmar tout en le niant à Gaza.


"Si un génocide est commis au Myanmar, alors il l’est sûrement à Gaza, mais ils sont dans le déni car ils appliquent des standards différents",
a-t-il ajouté.

Trump et complicité à Gaza


Schabas a suggéré que le président américain Donald Trump pourrait être accusé de complicité dans des crimes de guerre, évoquant ses sanctions contre les juges de la CPI.


"D’une certaine manière, c’est flatteur, car si Trump pense qu’ils sont suffisamment sérieux pour agir, cela montre qu’il prend au sérieux l’autorité de la CPI",
a-t-il commenté.

Mandats d’arrêt et responsabilité


Concernant les mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens, dont le Premier ministre Benyamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, Schabas a indiqué qu’ils restent surtout symboliques, les chances d’arrestation étant faibles.


Il a estimé que poursuivre les dirigeants et hommes d’affaires occidentaux complices de génocide et de crimes de guerre serait plus efficace. Néanmoins, Netanyahu et Gallant risquent la détention s’ils voyagent dans l’un des 125 États membres de la CPI.


Histoire familiale et poids moral


Schabas a précisé que la CPI étudiait la situation en Palestine depuis une quinzaine d’années et que l’affaire était
"désormais proche de quelque chose de concret".

Il a aussi rappelé qu’il était issu d’une famille juive de survivants de l’Holocauste.


"Cela soulève des questions morales. Comment des personnes ayant été victimes de crimes terribles peuvent-elles ensuite en commettre contre d’autres ? Mais c’est le monde dans lequel nous vivons. Les êtres humains sont complexes",
a-t-il expliqué.

Soulignant que de nombreux Juifs se sont historiquement opposés au sionisme et sont choqués par les crimes de guerre israéliens, Schabas a ajouté :
"Nous ne voulons pas faire partie d’un projet qui consiste à voler des terres aux gens, les chasser de leur territoire, et maintenant les tuer. Beaucoup de Juifs n’ont jamais voulu en faire partie."

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