Cinq universitaires français boycottent un colloque au Musée d’art et d’histoire du judaïsme

12:2112/09/2025, Cuma
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L’incident a débuté à la mi-juillet avec le retrait d’un premier intervenant, déclenchant une réaction en chaîne.
Crédit Photo : @IziBook / X
L’incident a débuté à la mi-juillet avec le retrait d’un premier intervenant, déclenchant une réaction en chaîne.

Cinq chercheurs basés en France ont annulé leur participation à un colloque prévu le 15 septembre au Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ), à Paris.

Cité par Le Monde, ce vendredi, le musée a indiqué que ces universitaires ont justifié leur retrait par la participation indirecte d’un programme de recherche de l’Université hébraïque de Jérusalem, qui finançait les frais de déplacement d’une doctorante israélienne.


L’institution évoque diverses motivations : certains chercheurs auraient estimé que leur présence serait perçue comme un soutien implicite au gouvernement israélien, d’autres auraient invoqué une motion interne à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) refusant les partenariats institutionnels sans cautionner pour autant les boycotts académiques. Enfin, plusieurs se seraient désistés sans fournir d’explication.


"Ces universitaires mélangent tout"
, a réagi Paul Salmona, directeur du MAHJ, auprès du quotidien français. Il a dénoncé une confusion entre un événement académique centré sur l’histoire juive parisienne et le contexte du conflit à Gaza. Il rappelle que le colloque ne porte en rien sur les enjeux du Proche-Orient et regrette que le musée, jusqu’ici épargné par les tensions autour des institutions culturelles et mémorielles, soit désormais touché.

L’incident a débuté à la mi-juillet avec le retrait d’un premier intervenant, déclenchant une réaction en chaîne. Coorganisatrice du colloque, Liliane Hilaire-Pérez reconnaît une maladresse dans la présentation des documents de communication. Elle estime qu’avoir mentionné un
"soutien"
de l’Université hébraïque, alors qu’il ne s’agissait que de la prise en charge d’un billet d’avion, a pu être mal interprété. Selon elle, cette confusion a cristallisé les tensions.

Evelyne Oliel-Grausz, également coorganisatrice, fustige quant à elle l’attitude de certains collègues, parlant de
"mauvaise foi"
et d’un refus de considérer la complexité de la situation académique en Israël.

Le colloque, maintenu comme prévu, accueillera néanmoins trois historiens israéliens, dont la médiéviste Elisheva Baumgarten, figure engagée contre le gouvernement israélien actuel. Elle rappelle que
"l’université est l’une des forces les plus importantes contre le gouvernement actuel et contre la guerre"
, ajoutant que le boycott de chercheurs critiques à l’égard de la politique israélienne est
"incohérent et contre-productif"
.

Dans un contexte de guerre à Gaza et de montée des tensions dans les milieux universitaires, le monde académique israélien se trouve plus que jamais écartelé. De nombreux chercheurs en Israël, opposés aux orientations du premier ministre Benyamin Netanyahu, dénoncent les politiques menées à Gaza tout en étant eux-mêmes visés par des appels au boycott.


Le 28 juillet, plusieurs présidents d’universités israéliennes ont publiquement désavoué les discours prônant la destruction de Gaza, soulignant leur consternation face à la situation humanitaire et politique.

Situation humanitaire à Gaza


Pour rappel, selon les autorités sanitaires de la bande de Gaza, en Palestine, plus de 64 700 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis le début du conflit en octobre 2023, dont la majorité sont des enfants et des femmes, tandis que des centaines de civils ont été abattus dans des zones de distribution d’aide humanitaire ces derniers mois. Ces événements interviennent dans un contexte humanitaire dramatique à Gaza, alors que retentissent les appels internationaux pour un cessez-le-feu et une intensification du flot d’aide.


Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré en juillet que Gaza est confrontée à
"une mort et une destruction sans précédent"
, que
"la malnutrition est en forte hausse"
alors que le système d'aide s'est effondré.

La Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide et de permettre l’accès à l’aide humanitaire. La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé, en juillet, les mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahu et Yoav Gallant, les accusant de crimes de guerre, notamment d’avoir utilisé la famine comme méthode de guerre.


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