Pour RSF et France Info, les journalistes arabes ne comptent pas

La rédaction
18:2014/12/2023, Perşembe
MAJ: 14/12/2023, Perşembe
Yeni Şafak
Funérailles du journaliste palestinien Mohamed Abu Hatab, tué par Israël.
Crédit Photo : Mahmud HAMS / AFP
Funérailles du journaliste palestinien Mohamed Abu Hatab, tué par Israël.

Dans un article paru ce jour, France Info affirme que 45 journalistes et collaborateurs ont été tués en 2023. Or, plus de 80 journalistes arabes sont morts dans des bombardements israéliens depuis le 7 octobre. Une omission qui est loin d'être anodine.

La France, depuis sa Révolution, n'a eu de cesse d'incarner de la Liberté de la Presse. Ce droit, acquis au XIXe siècle après un long siècle de combat politique et d'engagement contre la censure, et dont la France s'est faite à la fois l'étendard et le fer de lance, est universel.


Et parce que la liberté d'informer le monde sur les évènements qu'il s'y passe a été sacralisée par les défenseurs des Droits de l'Homme, l'intégrité physique des premiers concernés qui sont en première ligne pour défendre cette liberté, les journalistes et leurs collaborateurs, a toujours suscité un intérêt particulier en France.


Aussi, si des millions de personnes ont manifesté place de la République à Paris après l'attentat de Charlie Hebdo qui a tué 8 journalistes, ou si un élan national accompagne chaque prise d'otage d'un reporter lors de sa mission, ce n'est pas anodin. C'est tout simplement que les autorités françaises, et plus globalement le peuple français ont compris qu'en s'en prenant à un journaliste, on s'en prenait à des valeurs.


87 journalistes arabes tués en moins de 3 mois


Or, quel crédit peut-on apporter à ces prétendues "valeurs" et à ceux qui les défendent quand des dizaines de journalistes se font tuer dans la plus grande indifférence ? C'est un fait. Les journalistes français, normalement solidaires avec leur collègues dans le monde, ont plus parlé de crèches de Nöel que d'Abdel Karim Odeh, leur confrère bombardé par l'armée israélienne à Gaza. Ils ont plus parlé du temps qui se rafraichit en automne, quel scoop, que d'Alaa Al-Hasanat et Ayat Khaddura, deux femmes journalistes, tuées là encore à Gaza par l'armée israélienne. Et la liste est encore longue. Cette liste de journalistes tués par Israël et que leurs "confrères" français ont choisi de nier l'existence est disponible ici:


Crédit Photo : AA / AA
La liste des 87 journalistes arabes tués par Israël que les "journalistes" français ont choisi d'ignorer

Et comme si ce silence ne suffisait plus pour qualifier d'infâme cette attitude, certains esprits ont pensé qu'il fallait en rajouter. Aussi, nous apprenons aujourd'hui que RSF, ONG qui revendique comme objectif la défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes, est allé jusqu'à ne pas mentionner la mort de ces journalistes. Comme s'ils n'avaient jamais existé. C'est honteux. Ils ont osé écrire, en partenariat avec France Info


"En 2023, ce sont 45 journalistes et collaborateurs des médias qui ont été tués dans le cadre de leurs fonctions, rapporte Reporters sans frontières dans son bilan annuel que franceinfo a pu consulter jeudi 14 décembre. Parmi eux, 23 ont été tués en zone de conflit, et 22 en zone de paix, écrit RSF dans son document. ."

Comment 45 journalistes peuvent-ils mourir en 2023 alors que déjà 87 sont morts des mains d'Israël dans les trois derniers mois ?

Être arabe est-il une faute grave ?


Il est légitime, normal et humain de s'interroger sur un tel silence, sur une telle ignorance, sur une déconvenue déconcertante émanant des plus prestigieuses ONG censée incarner la défense d'un droit primordial, celui d'informer.


Quel tort ont bien pu commettre ces journalistes ? Ils avaient des caméras, des cartes de presse, des gilets et des casques estampillés "Press", ils passaient à la télé, montraient les bombardements, interrogeaient les rescapés, faisaient le point sur la situation, mettaient leur vie en danger.. pour mourir dans la plus brutale des situations


Le point commun de tous ces journalistes bafoués jusque dans leur mémoire est d'être arabe et d'avoir été tué par une armée d'occupation illégale qui a violé 62 résolutions de l''ONU.

Nous devons poser la question clairement aux négationnistes qui ignorent la mémoire des journalistes arabes tués dans des bombardements: Être un journaliste arabe est-il un péché qui justifierait une minimalisation de la situation quelle qu'elle soit ? A-t-on le droit de tuer un arabe s'il est journaliste, puisqu'au final ses "confrères" préfèreront s'esclaffer en plateau et parler de météo ? Un journaliste arabe est-il un collègue ?


Les récents déboires de nombreux journalistes français d'origine maghrébine confirme une tendance en France à l'"arabophobie journalistique". Et que ceux qui contrediraient cela dénoncent le sort des journalistes arabes tués à Gaza, où qu'ils se taisent à jamais, comme ils ont su si bien le faire ces trois derniers mois.


D.B


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