Le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, sorti largement vainqueur des élections de décembre qualifiées de "simulacre" par l'opposition, prête serment samedi pour un second mandat de cinq ans, dans un climat politique et sécuritaire tendu.
Comme pour le lancement de sa campagne électorale, "Fatshi", 60 ans, a choisi pour son investiture le stade des Martyrs, plus grande enceinte de Kinshasa, d'une capacité de 80.000 places. Les autorités disent attendre 18 chefs d'Etat.
Sa première prestation de serment, en janvier 2019, lorsqu'il succédait à Joseph Kabila (2001-2018) après une élection très controversée, avait eu lieu dans les jardins du palais de la Nation, site très solennel où se tiennent généralement les cérémonies officielles.
Fils de l'opposant historique Étienne Tshisekedi, décédé deux ans auparavant, il prenait alors les rênes de l'immense pays d'Afrique centrale, riche en minerais mais à la population majoritairement pauvre, en promettant d'améliorer les conditions de vie des Congolais et de mettre fin à 25 ans de violences armées dans l'Est.
La présidentielle a eu lieu en même temps que les élections législatives, provinciales et locales, un quadruple scrutin qui a démarré comme prévu le 20 décembre mais, face aux multiples problèmes logistiques, s'est étalé sur plusieurs jours.
Loin derrière sont arrivés Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga (sud-est), avec 18% des suffrages, suivi de l'autre opposant Martin Fayulu (environ 5%). Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, a officiellement engrangé seulement 0,22% des voix.
Ces opposants ont rejeté ces résultats et demandé l'annulation pure et simple des élections. Une manifestation avait été envisagée dès le 27 décembre mais a été interdite par les autorités et étouffée dans l'œuf par la police.
"Récupérer les territoires"
Jeudi, trois opposants, dont Moïse Katumbi et Martin Fayulu, ont réitéré leur appel à l'annulation du vote et demandé aux Congolais de manifester leur mécontentement samedi, jour de l'investiture, là où ils seront, comme ils pourront.
Les résultats complets de la présidentielle ont été annoncés le 31 décembre par la commission électorale (Céni) et confirmés le 9 janvier par la Cour constitutionnelle.
Entretemps, la Céni, reconnaissant elle-même des fraudes, actes de vandalisme, intimidations et utilisations illégales de machines de vote, annulait le scrutin dans deux circonscriptions et pour 82 candidats aux élections générales, dont trois ministres.
Le 14 janvier, la Céni a publié les résultats provisoires des législatives qui, tout en provoquant eux aussi des contestations jusque dans le camp présidentiel, dessinent une majorité pour "l'Union sacrée" formée autour de Félix Tshisekedi.
Depuis la mi-décembre, une force de la Communauté d'Afrique australe (SADC) est en cours de déploiement dans la région, succédant à une force d'Afrique de l'Est congédiée par Kinshasa pour cause de supposée complaisance à l'égard des rebelles.