La campagne de la présidentielle du 15 juillet au Rwanda s'est ouverte officiellement samedi, à trois semaines d'une réélection attendue du président Paul Kagame, qui dirige depuis 24 ans d'une main de fer ce pays de l'Afrique des Grands Lacs.
Homme fort de facto du Rwanda depuis la fin du génocide des Tutsi en 1994, Paul Kagame a été élu président par le parlement après la démission de Pasteur Bizimungu en 2000. Il a ensuité été reconduit trois fois lors de scrutins au suffrage universel en 2003, 2010 et 2017, réunissant à chaque fois plus de 90% des voix.
Plusieurs figures de l'opposition (Victoire Ingabire, Bernard Ntaganda) n'ont pas eu la possibilité de se présenter, en raison de condamnations passées. La justice a rejeté leurs demandes de voir leurs droits civiques restaurés.
La commission électorale a également invalidé la candidature de Diane Rwigara, en raison de documents non conformes. Cette voix anti-Kagame avait déjà été écartée de la présidentielle 2017, accusée de falsification de documents et arrêtée avant d'être blanchie par la justice en 2018.
Une révision constitutionnelle controversée, approuvée par référendum en décembre 2015, a instauré le passage du septennat au quinquennat, en maintenant un maximum de deux mandats.
Cette modification avait suscité de vives critiques car elle a remis à zéro le nombre de mandats de Paul Kagame, qui avait déjà réalisé deux septennats. Le chef de l'Etat avait également été autorisé à briguer un septennat transitoire 2017-2024.
Cette réforme permet donc à Paul Kagame, en cas de réélection, de rester au pouvoir jusqu'en 2034.
Elle a également synchronisé les élections législatives avec la présidentielle.
Plus de 500 candidats brigueront les 80 sièges de députés.
Les électeurs en éliront 53 directement, au scrutin proportionnel de liste avec circonscription unique, avec un seuil de 5% des voix.
Aux dernières élections, une coalition formée autour du parti présidentiel (Front patriotique rwandais, FPR), incluant notamment le Parti social-démocrate et le Parti libéral, a remporté 49 sièges.
Le Parti Social Imberakuri avait obtenu deux sièges, comme le Parti vert démocratique de M. Habineza, seul parti opposé au RPF et autorisé par le pouvoir.
Les 27 autres sièges sont réservés par un système de quotas aux femmes, aux jeunes et aux handicapés.
Ils sont attribués par scrutin indirect à des candidats n'appartenant à aucun parti politique: 24 représentantes féminines sont élues par les conseillers municipaux et régionaux, deux jeunes élus par le Conseil national de la jeunesse et un handicapé désigné par la Fédération des associations des handicapés.