
Au moins 75 personnes ont été tuées vendredi dans une attaque de drone des forces paramilitaires sur une mosquée dans un camp de déplacés près d'el-Facher au Darfour, dans l'ouest du Soudan, où elles poursuivent leur offensive pour chasser l'armée régulière, selon des secouristes locaux.
Chef-lieu du Darfour-Nord, El-Facher est la dernière grande ville de la vaste région du Darfour encore sous contrôle de l'armée soudanaise, plus de deux ans après le début de la guerre entre les forces régulières et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Si la ville devait tomber, les FSR contrôleraient totalement le Darfour, où l'ONU et les ONG ont déjà dénoncé des exactions de masse, notamment visant certains groupes ethniques.
Les FSR n'ont pas commenté dans l'immédiat.
Le camp se situe à quelques kilomètres à peine de la ville d'el-Facher, assiégée par les FSR depuis 18 mois.
Parmi eux, le camp d'Abou Chouk et l'ancienne base de la mission de paix conjointe de l'ONU et de l'Union africaine (Minuad), devenue le quartier général aux Forces conjointes, une coalition d'anciens groupes rebelles alliée à l'armée soudanaise.
Risque d'exactions de masse
Un responsable des FSR, s'exprimant sous couvert d'anonymat car il n'est pas autorisé à parler aux médias, a affirmé à l'AFP que les paramilitaires avaient "pris le contrôle total" de l'ancien complexe de la Minuad jeudi après-midi.
Selon les images analysées par l'université, des bâtiments à proximité du camp d'Abou Chouk ont été entièrement détruits entre lundi et mercredi.
Ainsi l'aéroport d'El-Facher, devenu une base de l'armée régulière, ainsi que le QG de la 6e division de l'armée se retrouvent à portée des tirs des paramilitaires.
Les organisations humanitaires craignent des exactions de masse en cas de prise de la ville par les paramilitaires, en particulier contre les communautés non arabes, comme l'ethnie des Zaghawa, pilier des Forces conjointes alliées à l'armée.
Selon les derniers témoignages d'habitants qu'elle a recueillis, la situation est "catastrophique", a-t-elle ajouté. Et depuis mercredi soir, l'organisation n'a pu joindre personne dans le Darfour-Nord, sous le coup d'une coupure générale des communications.
La guerre au Soudan, déclenchée en avril 2023, a tué des dizaines de milliers de personnes et en a déplacé des millions d'autres.
Les troupes du commandant de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant du pays depuis le coup d'Etat de 2021, et les FSR de son ancien allié, le général Mohamed Daglo, sont régulièrement accusées de commettre des massacres.
Rien qu'au nord du Darfour, plus d'un million de personnes sont au bord de la famine, selon l'ONU.