Endormie sous une couette, Ammy a survécu à l'une des pires tueries de l'histoire de la Thaïlande. Un an après le massacre, elle joue sous la surveillance de caméras pour rassurer sa famille, toujours "terrifiée".
Le 6 octobre 2022, un ancien policier a tué 24 enfants, la plupart âgés de moins de 5 ans, et 12 adultes, dans un accès de violence long de trois heures qui continue de hanter la province de Nong Bua Lam Phu (nord-est).
Aujourd'hui, la crèche a été laissée à l'abandon, sans que personne n'ose toucher au bâtiment, les croyances liées aux fantômes sont tenaces dans le royaume bouddhique. Un nouveau centre doit ouvrir 250 mètres plus loin.
Paweenuch Supolwong, surnommée "Ammy", est l'une des deux enfants à avoir échappé au massacre.
Ammy est suivie par des caméras à la crèche comme chez ses grands-parents, une surveillance rassurante pour une communauté qui se sent toujours très vulnérable. Yupin Srithong explique:
Ça fait presque un an et je suis toujours terrifiée.
Le dispositif vidéo permet à la mère de la fillette, qui travaille à Bangkok, à quelque 500 kilomètres de là, de garder un oeil sur Ammy.
Peur
Beaucoup d'enfants de la région vivent avec leurs grands-parents. Dans le district de Na Klang, pauvre et rural, les parents doivent souvent partir loin pour subvenir aux besoins de leur famille.
Je ne savais pas comment aider les enfants (...) Je dois me répéter que c'est terminé et essayer de ne plus y penser.
Mais le drame vient rappeler de vieux démons qui minent la Thaïlande: l'addiction aux drogues, l'abondance d'armes à feu et de fortes inégalités économiques.
Drogues et armes à feu
Les premiers éléments de l'enquête ont montré que le meurtrier était sous l'emprise de méthamphétamines, une drogue du pauvre qui fait des ravages en Asie du Sud-Est, ce qui lui a valu d'être renvoyé de la police.
Le nouveau Premier ministre Srettha Thavisin a promis de renforcer la lutte contre les drogues illégales dans un pays inondé par la "meth" à bas prix.
Le pays comptait en 2017 environ dix millions d'armes à feu, dont près de la moitié (4 millions) ne sont pas enregistrées auprès des autorités, selon le Small Arms Survey, un programme de recherche suisse.
Des représentants de la police n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.