Climat: Les inondations dévastatrices liées au réchauffement

12:478/05/2024, mercredi
AFP
La rivière Taquari après les inondations dans l'État de Rio Grande do Sul, au Brésil, le 7 mai 2024.
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La rivière Taquari après les inondations dans l'État de Rio Grande do Sul, au Brésil, le 7 mai 2024.

Les récentes inondations dévastatrices à travers le globe soulignent l'impact croissant du réchauffement climatique. Alors que des régions telles que le Kenya, la Chine et Dubaï sont touchées, les scientifiques mettent en garde contre l'intensification des phénomènes météorologiques extrêmes.

Si toutes ne sont pas directement liées au réchauffement climatique, elles interviennent en pleins records de chaleur, illustrant l'avertissement des scientifiques: le changement climatique accentue la fréquence et l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes.


Car le changement climatique ne se limite pas à une hausse des températures, il implique aussi toute une série d'effets liés à l'excès de chaleur stocké dans l'atmosphère et dans les océans, à cause des rejets de gaz à effet de serre de l'humanité, dont le dioxyde de carbone (CO2).

"Les précipitations extrêmes récentes sont conformes à ce que l'on attend dans un climat de plus en plus chaud"
, explique Sonia Seneviratne, membre du Giec, le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU.

Des océans plus chauds s'évaporent plus et un air plus chaud peut accueillir plus d'eau: pour un degré de plus, l'atmosphère peut se gorger de 7% d'humidité en plus.

"Ceci entraîne des épisodes pluvieux plus intenses",
a noté Davide Faranda, spécialiste des phénomènes météorologiques extrêmes au CNRS.

Au Pakistan en avril, il a plu au moins deux fois plus qu'en moyenne, avec même 437% de plus pour une province. À Dubaï, la pluie de deux années normales est tombée en seulement une journée.


Toutes les régions du globe ne deviennent pas plus humides pour autant.

"Une atmosphère plus chaude, plus assoiffée, est plus efficace pour absorber l'humidité d'une région et pour redistribuer cet excès d'humidité sous forme de tempêtes ailleurs"
, selon Richard Allan, de l'université de Reading, en Angleterre.

De quoi entraîner plus de pluies à certains endroits, mais aussi des sécheresses et des canicules plus intenses à d'autres, explique-t-il.


Les variations climatiques naturelles influencent aussi les précipitations. C'est le cas du phénomène cyclique naturel El Niño au-dessus du Pacifique, connu pour son effet réchauffant qui alimente depuis près d'un an les records de températures mondiales, mais aussi les pluies extrêmes dans certains pays, dont le Pérou et l'Équateur.


Toutefois, malgré les variations naturelles,
"la hausse observée, sur le long terme, des fortes précipitations est due au changement climatique induit par les humains",
souligne Mme Seneviratne.

"Toutes les inondations ne sont pas attribuables au changement climatique",
dont l'influence sur chaque événement doit être examinée au cas par cas.

Mais les scientifiques disposent aujourd'hui de méthodes permettant de comparer rapidement un épisode actuel de pluies extrêmes, de canicules ou de sécheresses, à la probabilité qu'il survienne dans un monde sans changement climatique.

Pionniers de cette approche, le réseau World Weather Attribution (WWA) a conclu que les pluies diluviennes aux Émirats Arabes Unis et à Oman en avril étaient "très probablement" exacerbées par le réchauffement climatique, essentiellement causé par la combustion des énergies fossiles.


ClimaMeter, qui utilise une méthodologie différente, estime que les inondations d'avril en Chine étaient
"probablement influencées"
par la conjonction du changement climatique et d'El Niño.

"Il peut être difficile de distinguer le réchauffement climatique des fluctuations naturelles"
, et cela est plus évident pour certains événements météorologiques que pour d'autres, dit Flavio Pons, un climatologue qui a étudié les inondations chinoises.

Pour les inondations au Brésil, ClimaMeter estime que le changement climatique est le premier responsable de l'intensification des pluies, sans influence significative d'El Niño.


Beaucoup des pays les plus touchés par les inondations, comme le Burundi, l'Afghanistan et la Somalie, sont parmi les plus pauvres et moins équipés pour faire face aux pluies diluviennes.

Mais l'épisode de Dubaï a démontré que des pays riches n'étaient pas assez préparés non plus.


"Nous savons qu'un climat plus chaud favorise les événements météorologiques extrêmes, mais nous ne pouvons pas prédire exactement quand et où cela aura lieu",
a souligné Joel Hirschi, du centre océanographique national britannique.

"Les préparatifs actuels sont insuffisants"
, a-t-il souligné, alors qu'il est
"moins cher d'investir aujourd'hui"
que d'attendre.

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