Cancers de la peau: la technologie et l'IA au service du dépistage

17:1210/06/2024, lundi
AFP
Le VECTRA 360 est le système le plus efficace pour la détection précoce du cancer de la peau.
Crédit Photo : X /
Le VECTRA 360 est le système le plus efficace pour la détection précoce du cancer de la peau.

À Évreux, une ville située à une centaine de kilomètres à l'ouest de Paris, une machine révolutionnaire de trois mètres de haut et cinq mètres de large, appelée Vectra 360, est désormais capable de photographier presque toute la surface de la peau d'un patient en une seule prise de vue grâce à ses 92 objectifs haute définition.

Le scanner produit une cartographie détaillée des lésions visibles et des grains de beauté.
"Le médecin peut ensuite, à distance, choisir d'en grossir un qui lui semble suspect pour l'analyser"
, explique Isabelle L'Hôpital, directrice de la société France Dermatologie Territoires, à l'origine du projet.

L'objectif de cette nouvelle filière d'imagerie dermatologique est d'améliorer la détection du mélanome dans un département qui, comme beaucoup d'autres, souffre de délais d'attente élevés pour obtenir un rendez-vous avec un dermatologue.


Chaque année, environ 18 000 cas de mélanomes, le plus agressif des cancers de la peau, sont diagnostiqués en France, causant 2 000 décès.

Comparaisons


Le mélanome est une tumeur cutanée qui ressemble à un grain de beauté mais qui présente souvent les caractéristiques suivantes : asymétrie, bords irréguliers, plusieurs couleurs, grossissement ou changement d'aspect. Le nombre de nouveaux cas par an a augmenté régulièrement au cours des deux ou trois dernières décennies. Cependant, grâce à l'amélioration du dépistage et à l'introduction de nouveaux traitements, le taux de décès tend à se stabiliser ces dernières années.


Plusieurs industriels tentent de révolutionner la prise en charge précoce de ce cancer grave.
"Depuis la fin des années 1990, de nombreux cabinets se sont équipés de machines de dermoscopie numérique, qui permettent de faire des photos de la peau d'un patient et de les comparer ensuite lors de rendez-vous successifs pour voir si les grains de beauté ont évolué"
, raconte Luc Thomas, spécialiste des cancers de la peau et praticien au CHU de Lyon.

En France, la société allemande FotoFinder s'est imposée chez les dermatologues. Mais les technologies évoluent : la qualité des images s'est nettement améliorée. Auparavant capables de photographier la peau centimètre carré par centimètre carré, les machines peuvent désormais capturer la quasi-totalité de la surface corporelle. La startup française SquareMind espère commercialiser dès cette année sa solution
"innovante"
: un bras robot qui navigue autour du patient.
"Elle offrira en quelques minutes seulement une photographie du corps entier, zoomable sur les lésions jusqu'en très haute définition"
, précise Ali Khachlouf, fondateur de SquareMind, présent au récent salon Vivatech.

Un tri


À Marseille, l'AP-HM s'est équipée en 2022 du système Vectra, fabriqué aux États-Unis. La machine, qui coûte environ 400 000 euros, a pu être financée grâce à l'aide d'industriels et du Cancéropole de PACA.
"Il faut se servir de la technologie pour améliorer nos pratiques"
, plaide Jilliana Monnier, oncodermatologue et responsable du centre de dépistage automatisé du mélanome à Marseille. À une époque où l'offre dermatologique se réduit, automatiser certaines étapes chronophages du dépistage du mélanome permettra de suivre plus précisément les patients qui en ont le plus besoin, explique-t-elle.

Dans un second temps, les praticiens espèrent pouvoir compter sur l'aide de l'intelligence artificielle produite par ces machines. En documentant de façon automatisée la surface cutanée d'un grand nombre de personnes, elles permettront de créer un historique complet des lésions et grains de beauté des patients. L'objectif sera alors de développer des algorithmes d'IA capables d'identifier facilement et rapidement les lésions nouvelles, évolutives ou suspectes sur la peau.

"Aujourd'hui, la machine ne peut pas encore donner un diagnostic"
, précise Jilliana Monnier. Cependant, d'ici deux ans, Ali Khachlouf s'attend à une IA capable de détecter le mélanome
"avec un fort niveau de confiance"
.
"L'intelligence artificielle pourra servir à faire une sorte de tri, même si la décision finale reviendra toujours au médecin"
, avance Luc Thomas.

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