Crédit Photo : JODY AMIET / AFP
La fusée Ariane 6 de l'Agence spatiale européenne (ESA).
Le premier vol commercial de la fusée Ariane 6, prévu lundi depuis Kourou, en Guyane française, doit marquer le retour de l'Europe à l'autonomie spatiale en mettant sur orbite un satellite militaire français.
Ce lancement intervient dans un contexte de tensions géopolitiques et de concurrence accrue avec les États-Unis et SpaceX.
Un satellite stratégique pour la Défense française
Ariane 6 transportera le satellite CSO-3 (Composante Spatiale Optique), destiné à compléter la constellation d’observation de la Terre du ministère français de la Défense. Placé à 800 km d’altitude, il renforcera les capacités de renseignement optique de la France. Son lancement, initialement prévu en 2022, a été retardé à plusieurs reprises.
Les deux premiers satellites de la série, CSO-1 et CSO-2, avaient été mis en orbite en 2018 et 2020 par des fusées Soyouz russes. L’invasion de l’Ukraine en 2022 et la rupture des collaborations spatiales avec la Russie ont privé l’Europe de cet accès, renforçant la nécessité d’un lanceur souverain.
Un lancement retardé mais essentiel
Initialement prévu en décembre 2024, puis reporté au 26 février, ce vol a finalement été programmé pour ce lundi. Ces ajustements sont fréquents dans le domaine spatial, notamment pour garantir la fiabilité du lanceur et la sécurité de la mission.
"Il était crucial pour la France et l'Europe de retrouver cet accès autonome à l'espace. Sans cela, aucune politique spatiale indépendante n'est possible"
, souligne Lionel Suchet, PDG par intérim du CNES.
Ariane 6 face à la concurrence de SpaceX
Ce vol marque aussi le début d’une série de 32 lancements déjà programmés pour Ariane 6, assurant plusieurs années d’activité au Centre spatial guyanais. Les attentes sont élevées, notamment face à SpaceX, qui domine actuellement le marché des lancements commerciaux.
"Le monde entier nous regarde. Nos clients, qu'ils soient institutionnels ou commerciaux, attendent de voir Ariane 6 entrer en service avec succès"
, explique David Cavaillolès, nouveau patron d'Arianespace.
Avec un budget spatial américain cinq fois supérieur à celui de l’Europe, l’industrie spatiale européenne doit prouver sa compétitivité pour s’imposer dans un marché dominé par les acteurs privés et les investissements publics américains.
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