Silicon Valley : les fonds de capital-risque dans le flou face à la frénésie de l’IA

Crédit Photo : Drew Angerer / AFP

entre mastodontes survalorisés et pépites à dénicher, les investisseurs peinent à trouver leur place dans un marché dominé par OpenAI, Anthropic et xAI.

Depuis l’explosion de l’IA générative avec ChatGPT en 2022, la Silicon Valley vit une course à l’investissement marquée par un clivage grandissant entre géants aux poches profondes et chasseurs d’opportunités abordables.

Les valorisations spectaculaires atteintes par quelques sociétés changent les règles du jeu. OpenAI a levé 40 milliards de dollars pour une valorisation estimée à 300 milliards, un record absolu. Anthropic vaut désormais 61,5 milliards de dollars, tandis que xAI, la start-up d'Elon Musk, viserait une levée de 20 milliards pour une valorisation potentielle de 120 milliards de dollars.

Les géants seuls dans la course

Face à ces montants colossaux, même les plus grandes sociétés de capital-risque historiques peinent à suivre. Les seuls acteurs capables de rivaliser sont les grands groupes technologiques américains, SoftBank ou encore les fonds souverains du Moyen-Orient, désireux de diversifier leurs investissements hors des énergies fossiles.

"Il y a un clivage très net entre les nantis et les démunis"

, constate Emily Zheng, analyste chez PitchBook, interrogée par l’AFP au Web Summit de Vancouver.

Un marché saturé et en constante évolution

L’IA est perçue comme un tournant majeur, mais les fonds de capital-risque peinent à identifier des créneaux rentables.

"Dans l'IA en général, si vous vendez un produit qui vous rend plus efficace, il s'envole des rayons"

, affirme Simon Wu, de Cathay Innovation.

Le défi reste de repérer les niches encore inexplorées, les
"terrains de jeu"
non occupés par OpenAI, Anthropic ou les géants comme Google, Microsoft et Amazon, qui lancent sans relâche de nouveaux outils.

L’émergence de l’IA générative bouleverse également le développement logiciel, en démocratisant l’accès au codage et en remettant en cause les modèles économiques traditionnels des start-up.

L’ombre d’une rentabilité incertaine

Le rêve des investisseurs est de trouver un outil révolutionnaire, à l’image de Windows dans les années 1990 ou du moteur de recherche de Google dans les années 2000. Mais la rentabilité de l’IA générative reste floue, même pour les leaders.

"Les gens se demandent si cela va vraiment remplacer les coûts de main-d’œuvre"

, note Simon Wu, évoquant des valorisations qui suscitent le doute. "Je pense que tout le monde commence à voir que les résultats pourraient ne pas être à la hauteur de la magie", ajoute-t-il.

Malgré ces incertitudes, l’IA est là pour durer, affirment les experts.

"Dans cinq ans, nous ne parlerons plus de l’IA comme aujourd’hui"

, prédit Andy McLoughlin de Uncork Capital.

"Elle deviendra un élément constitutif de la manière dont tout est construit."

Reste à savoir qui tiendra les clés de cette future infrastructure.