Islamophobie d’État: le cas de l’école musulmane de Valence

La rédaction
14:217/11/2025, vendredi
Yeni Şafak

Victime d’un emballement médiatique et d’une volte-face politique, l’école musulmane Valeurs et Réussite de Valence se retrouve au cœur d’une affaire qui en dit long sur le traitement réservé aux institutions musulmanes en France.

Une école modèle devenue cible politique


Créée en 2012 et installée dans les locaux de la grande mosquée de Valence, l’école Valeurs et Réussite s’est imposée comme un modèle de sérieux. Les rapports successifs de l’Éducation nationale saluent la qualité de son enseignement, la rigueur de son encadrement et la solidité de son projet pédagogique.


En 2019, l’académie rend même un avis favorable à sa contractualisation avec l’État, une étape majeure qui aurait permis de financer les salaires des enseignants tout en renforçant le contrôle public. Une transparence pleinement assumée par le président de l’association.


Un projet soutenu puis torpillé


Seule condition posée à cette contractualisation : trouver des locaux plus adaptés.


En 2021, le maire de Valence s’engage à vendre un terrain communal à l’école. Il annonce publiquement la vente le 2 mai 2022, à la grande mosquée, devant plus de deux mille personnes. La délibération municipale est votée le 27 juin et le compromis signé le 13 juillet.


Mais l’affaire prend vite un tournant politique. Un conseiller municipal d’opposition y voit une occasion d’affaiblir le maire. Il alerte Charlie Hebdo, qui publie en urgence un article à charge et truffé d’erreurs contre l’école.


Emballement médiatique et volte-face préfectorale


En quelques heures, les réseaux sociaux et plusieurs médias s’enflamment. Les propos haineux se multiplient, visant à la fois le maire et les responsables de l’association.


La préfète de la Drôme, qui avait validé le projet et rencontré les dirigeants de l’école, se désolidarise brutalement. Le maire, désormais seul et sous pression, invoque un prétexte d’urbanisme pour bloquer la vente. La préfète reprend ensuite ces arguments fallacieux, faisant émaner la décision officielle de la préfecture et dégageant le maire de toute responsabilité politique.


L’association dénonce une manœuvre concertée et dépose plainte pour faux en écriture publique et abus d’autorité.


Une victoire juridique historique, puis un revers


Malgré la tourmente,
Valeurs et Réussite
remporte une victoire historique : un tribunal reconnaît le caractère infamant de l’article publié par Charlie Hebdo, une première en France.

Mais la cour d’appel relaxe ensuite le journal, estimant que les termes employés ne constituaient pas une diffamation, sans réexaminer le sérieux de l’enquête. L’affaire est aujourd’hui entre les mains de la
Cour de cassation
.

Marion Maréchal relance la polémique


La polémique rebondit lorsque
Marion Maréchal, invitée sur le plateau de CNews, assimile l’association à Daech et Al-Qaïda.

Son procès s’est tenu le 16 octobre dernier. L’audience a été marquée par un dérapage du procureur, qui a publiquement insulté les avocats de l’association, les qualifiant de
"brochette d’associations de malfaisants".

Le verdict est attendu le 14 novembre.


Vers un procès inédit contre l’État


Le 20 novembre prochain, l’ancienne préfète de la Drôme sera à son tour jugée pour dénonciation calomnieuse, un procès sans précédent en France, intenté par une association musulmane contre une représentante de l’État.


Pour
Mourad Jabri
, président de
Valeurs et Réussite
, cette affaire révèle une dérive inquiétante :

"La suspicion qui pèse sur les musulmans en France est telle qu’il suffit d’accuser, même sans preuve, pour provoquer des conséquences dévastatrices sur des personnes, des familles et des institutions."

Un symbole du climat islamophobe ambiant


Au-delà du cas de
Valeurs et Réussite
, cette affaire illustre la défiance systémique envers les institutions musulmanes en France.

Entre soupçons infondés, stigmatisation politique et couverture médiatique biaisée, le traitement réservé à cette école résonne comme un symbole du climat islamophobe qui s’installe durablement dans les rouages de l’État.


Nouvelle Aube suivra cette affaire pas à pas. Rendez-vous après le 14 novembre pour connaître le verdict.


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