Niger: le gouvernement dissout les syndicats de la justice

La rédaction
17:3215/08/2025, vendredi
MAJ: 15/08/2025, vendredi
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Ulrich Yasser / Nouvelle Aube
Au Niger, le gouvernement a dissous tous les syndicats du secteur judiciaire, déclenchant une grève des avocats et une vive réaction des magistrats. Les organisations dénoncent une atteinte à l’indépendance de la justice et à la liberté syndicale.

Il n’y a plus de syndicats dans le secteur judiciaire au Niger. Un arrêté du ministre de l’Intérieur met fin aux activités de ces organisations syndicales. Cette décision suscite des remous dans la ''maison justice'' au Niger. En signe de protestation, les avocats ont lancé une grève contre la décision gouvernementale.

Entre le gouvernement du Niger et le secteur de la justice, le torchon brûle. Tout a commencé le 07 août 2025, quand dans un arrêté, le ministre de l’Intérieur a annoncé la dissolution de tous les syndicats dans le domaine judiciaire. Quelques jours après, le ministre de la Justice organise un point de presse et s'en prend vivement aux syndicalistes de son département.


Alio Daouda dénonce des conflits permanents sur la base de revendications infondées.
"La justice doit rester dans sa mission première qui est de protéger, de décider et de sanctionner. Mais la posture actuelle des syndicats n’est pas de nature à permettre à lui de remplir efficacement cette mission mise en péril par des agissements de toutes natures observés çà et là dans la délivrance des services, dans le traitement des dossiers caractérisé par une lenteur excessive en dépit de toutes les réformes effectuées et le respect des valeurs éthiques et morales"
, fustige le ministre Daouda.

Ces déclarations ont suscité une vive réaction du Syndicat autonome des magistrats du Niger (Saman). Dans un communiqué, l'organisation se plaint d'une violation de la liberté syndicale. Le texte rappelle que l’indépendance de la justice implique que les magistrats soient protégés contre les pressions de l’exécutif.
"Le Saman affirme avec force que la justice ne se réforme pas, par la dissolution de ses défenseurs, mais par le respect de ceux qui la font vivre"
, lit-on dans le communiqué.

Dans cette tension entre le gouvernement les organisations syndicales de la justice, l’Ordre des avocats a pris la défense des syndicalistes. Le barreau nigérien a annoncé un arrêt de travail pour les 14 et 15 août exigeant que le gouvernement reconsidère sa position.

Le président nigérien, le général Abdourahmane Tiani, ne l’entend pas de cette oreille. Dans la soirée du 14 août, il a plutôt enfoncé le clou en prenant un décret pour radier le magistrat Abdourahamane Abdoul Nasser Bagna, le secrétaire général du Saman.


Depuis plusieurs mois, la tension est vive entre les autorités nigériennes et les trois syndicats du secteur justice. Les organisations syndicales ont observé plusieurs grèves pour s'insurger contre l’immiscion de l’exécutif nigérien dans des dossiers judiciaires.

Par
Ulrich Yasser

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