Tunisie: Rached Ghannouchi en grève de la faim pour la justice

La rédaction
17:3911/11/2025, mardi
Yeni Şafak

L’ancien président du Parlement tunisien, Rached Ghannouchi, entame une grève de la faim illimitée en solidarité avec le juriste Jawhar Ben Mubarak. Un geste symbolique dans un climat politique étouffé par la dérive autoritaire du régime de Kaïs Saïed.

Ghannouchi rejoint la grève de la faim de Jawhar Ben Mubarak


Le comité de défense de Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha et ancien président du Parlement tunisien, a annoncé vendredi que son client avait entamé une grève de la faim illimitée en signe de solidarité avec Jawhar Ben Mubarak, dirigeant du Front du Salut national.


Cette décision intervient alors que Ben Mubarak, détenu à la prison de Belli (gouvernorat de Nabeul) depuis le 29 octobre, mène lui-même une grève de la faim illimitée pour dénoncer ce qu’il qualifie de « détention politique », dans le cadre de l’affaire dite du « complot contre la sûreté de l’État ».


Dans un communiqué publié sur Facebook, le comité de défense précise que Ghannouchi, condamné à près de 40 ans de prison, agit « par solidarité avec Ben Mubarak et en défense de l’indépendance de la justice et des libertés publiques en Tunisie ».


Des condamnations jugées politiques


En avril dernier, la justice tunisienne avait condamné Jawhar Ben Mubarak, professeur de droit constitutionnel à l’Université de Tunis, à 18 ans de prison dans la même affaire.


Pour l’opposition, menée par le Front du Salut national, ces procès relèvent clairement d’une instrumentalisation politique visant à neutraliser toute voix dissidente.

Les autorités, elles, affirment que les procédures sont menées « conformément au droit pénal », sans aucune motivation politique.


Mobilisation et solidarité en Tunisie


Plusieurs militants politiques ont, à leur tour, annoncé leur entrée en grève de la faim en solidarité avec Ben Mubarak, lors d’une conférence de presse organisée au siège du Parti républicain tunisien à Tunis par la Coordination des familles des détenus politiques.


Kaïs Saïed, de l’espoir démocratique au pouvoir absolu


Élu sur un discours anticorruption, le président Kaïs Saïed a peu à peu concentré tous les pouvoirs entre ses mains, réduisant au silence l’opposition et marginalisant le Parlement, désormais vidé de toute réelle autorité législative.

Toute voix critique est assimilée à une trahison.


Cette dérive autoritaire s’est illustrée une nouvelle fois lorsque les autorités ont minimisé l’attaque présumée israélienne contre la Flottille Sumud, partie de Tunis vers Gaza, préférant nier les faits plutôt que de défendre les militants ciblés.


Silence complice des capitales occidentales


L’Occident, prompt à donner des leçons de démocratie, détourne le regard.

Les capitales européennes, obsédées par la question migratoire, ferment les yeux sur la répression tunisienne et sur le sort de ceux qui défendent encore les libertés fondamentales.


Inquiétudes d’Amnesty International


Amnesty International a exprimé sa vive préoccupation face à la détérioration de l’état de santé de Ben Mubarak après dix jours de grève de la faim.

L’organisation appelle à sa libération « immédiate et inconditionnelle », ainsi qu’à celle de tous les détenus arrêtés pour leurs opinions ou leur engagement pacifique.


De son côté, l’Administration générale des prisons tunisiennes nie toute aggravation de la santé des grévistes, affirmant que leurs bilans médicaux restent stables.


Une justice sous pression


Bien que la procédure soit présentée comme légale, ses motivations politiques traduisent une volonté claire de museler la parole critique, rappelant les méthodes arbitraires des régimes autoritaires les plus répressifs en matière de liberté d’expression.


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