Nouvelle ère dans l’industrie mondiale de l’acier et de l’aluminium, et la place de la Türkiye

13:5012/06/2025, jeudi
MAJ: 12/06/2025, jeudi
Ömer Faruk Doğan

Même si les avancées scientifiques et technologiques ont atteint un niveau impressionnant, les nanotechnologies et les microprocesseurs faisant désormais partie intégrante de notre quotidien, les secteurs de l’acier, du fer et de l’aluminium conservent une importance stratégique majeure pour l’industrie et la production. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement pas de production industrielle sans l’usage de ces matériaux. Autrement dit, le développement industriel, la croissance économique et la compétitivité

Même si les avancées scientifiques et technologiques ont atteint un niveau impressionnant, les nanotechnologies et les microprocesseurs faisant désormais partie intégrante de notre quotidien, les secteurs de l’acier, du fer et de l’aluminium conservent une importance stratégique majeure pour l’industrie et la production.


Aujourd’hui, il n’y a pratiquement pas de production industrielle sans l’usage de ces matériaux. Autrement dit, le développement industriel, la croissance économique et la compétitivité dans le commerce mondial dépendent encore, directement ou indirectement, du développement et de la capacité de production nationale dans les secteurs de l'acier et de l'aluminium.


Notre pays figure parmi les rares pays au monde capables de rivaliser dans le secteur de l’acier, grâce à sa compétitivité. À l’intérieur du pays, le fer-l’acier et l’aluminium restent indispensables dans tous les secteurs, conservant leur importance tant pour nos exportations de produits finis que pour nos importations.

En résumé, le développement de notre industrie et de nos exportations industrielles repose fondamentalement sur ces deux produits stratégiques. Il convient également de souligner que nos besoins en matière première aluminium sont satisfaits par les importations.


Enfin, le président américain Trump a signé un décret, entré en vigueur le 4 juin 2025, portant à 50 % les droits de douane sur l’acier et l’aluminium. Cette décision revêt une importance particulière qui doit être abordée avec attention, tant pour l’industrie mondiale que pour les secteurs de l’acier et de l’aluminium ainsi que pour notre pays.


Pourtant, Trump avait déjà mis en vigueur en mars 2025 une taxe supplémentaire augmentant de 25 % les droits de douane sur ces deux produits stratégiques. Cela constitue la deuxième hausse significative des droits de douane depuis le début de l’année. On peut considérer cette mesure comme l’une des décisions les plus marquantes signées par Trump, avec un impact direct sur les secteurs concernés.


Il existe peu de produits industriels ou d’appareils électroménagers en usage qui ne contiennent pas d’acier ou d’aluminium. Par ailleurs, notre pays fait partie des rares nations au monde à produire et exporter des appareils électroménagers utilisant ces matières premières comme composants essentiels. À une époque, un tiers des appareils électroménagers utilisés au Royaume-Uni étaient d’origine turque, ce qui illustre parfaitement la sensibilité et l’importance de cette question pour notre pays.


Le président américain Trump a signé, mardi 3 juin, un décret portant les droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium de 25 % à 50 %. Bien que cette mesure semble viser à protéger les secteurs américains de l’acier et de l’aluminium, il est impossible qu’elle ne perturbe pas les industries mondiales concernées. Entrant en vigueur dès ce soir, ce décret semble annoncer une nouvelle phase pour les secteurs mondiaux de l’acier et de l’aluminium. Pour l’instant, la filière est sous le choc et tente encore de comprendre ce qui se passe.


À ce stade, il est difficile de prévoir l’impact exact de cette décision sur l’industrie, le secteur manufacturier et les produits exportés. Cependant, pour un pays comme la Türkiye, dont l’exportation de produits finis repose largement sur des matières premières telles que l’acier et l’aluminium, notamment dans le secteur des appareils électroménagers, il apparaît indispensable d’évaluer la situation et d’élaborer une nouvelle stratégie pour garantir la stabilité et la continuité dans les mois à venir.


Bien que le président des États-Unis affirme que
"ces nouveaux tarifs ont été mis en place pour lutter contre l’excès de production bon marché en provenance de pays étrangers qui nuit à la compétitivité des industries américaines de l’acier et de l’aluminium",
le fait que notre pays soit à la fois importateur et exportateur dans ces deux secteurs laisse présager un impact sur notre industrie et notre commerce.

La décision rendra l’accès au marché américain plus difficile pour ces deux produits stratégiques, ce qui peut aussi être perçu comme un avantage. Les pays qui maintiennent leur stabilité grâce à l’exportation de ces deux produits vers les États-Unis pourtant être amené à chercher de nouveaux marchés et affronter une concurrence plus rude. Pour nos industriels, qui utilisent ces deux produits stratégiques dans leur production, cela pourrait représenter une opportunité si bien exploitée. Comme les pays exportateurs vers les États-Unis ne peuvent renoncer à ces exportations, cette situation doit être considérée comme un avantage pour des pays importateurs comme la Türkiye. Savoir tirer parti de la concurrence accrue sur le marché peut notamment avoir un effet positif sur les coûts.


Le continent africain, composé de 54 pays avec une population approchant 1,5 milliard d’habitants et souffrant particulièrement d’un manque en matière d’appareils électroménagers, se présente ici comme une région à fort potentiel. Pour l’Afrique, il y a la possibilité de transformer cette situation en un avantage important grâce à une production à moindre coût, une réduction du prix des matières premières et une nouvelle stratégie de commercialisation. Il est parfois possible de tirer parti, en avantage notable, de décisions qui paraissent initialement très négatives, à condition d’adopter les bonnes stratégies.


Bien que 60 % de l’Afrique n’ait pas encore accès à l’électricité aujourd’hui, il serait erroné de penser que cette situation restera inchangée. Même dans les villages sans électricité, l’utilisation d’Internet via téléphone portable est très élevée, et les longues files d’attente devant les cabines de recharge alimentées par des générateurs témoignent que ces régions suivent de près les progrès technologiques et le niveau de bien-être mondial.


Le fait que même les zones les plus isolées d’Afrique soient informées de ce qui se passe dans le monde et aspirent à atteindre rapidement un niveau de vie décent est une donnée précieuse. La colère, la rancune et les réactions dirigées vers l’Europe, en particulier vers la France en Afrique de l’Ouest, s’expliquent en grande partie par les conditions de précarité actuelles, liées à des expériences historiques passées.


Dans ce nouveau contexte, le désir urgent d’accéder à des conditions de vie plus prospères et civilisées, ainsi que l’aspiration des femmes africaines à un mode de vie moderne, tel qu’elles le voient sur Internet, représentent un avantage important pour notre secteur, qu’il convient de noter avec discernement.


D’autre part, la question est abordée différemment pour les États-Unis, le Canada et le Mexique. Il est avancé que les États-Unis disposent d’un excédent d’exportation dans ces produits, ce qui signifie que la décision impactera davantage leurs propres exportations. Toutefois, nous devons adopter une approche plus stratégique et différente face à ce sujet.


La Commission européenne, dans le cadre de l’Union douanière dont nous faisons partie, a vivement réagi à cette décision de Trump, soulignant que cette posture risquait de porter gravement atteinte aux négociations tarifaires entre les États-Unis et l’UE. Elle a également insisté sur le fait que cette mesure tarifaire contrevient entièrement aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Par ailleurs, le fait que près de 50 % de l’acier et de l’aluminium utilisés par les États-Unis en 2024 proviendront de l’importation auprès d’autres pays illustre bien l’importance de ce dossier.


Pour bien saisir l’importance de ce dossier pour notre industrie, il faut souligner qu’en 2024, les exportations de produits en acier et articles en acier de notre pays dépassent 20 milliards de dollars, ce qui représente environ 10 % de nos exportations totales. Il convient de noter que ce chiffre ne comprend pas les exportations d’articles finis en acier et aluminium.


Par ailleurs, notre importation combinée d’acier, d’aluminium et de produits en aluminium atteint 30 milliards de dollars, ce qui témoigne de l’importance cruciale de ces matières premières dans le commerce extérieur. Il faut également rappeler que cette donnée n’inclut pas la consommation intérieure de produits finis par la population de 85 millions d’habitants, ce qui souligne à quel point ce secteur est stratégique, non seulement pour la production et l’exportation, mais aussi pour l’emploi et la stabilité économique du pays.


Ankara, 11 juin 2025

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