L’air d’optimisme qui s’était formé autour de Gaza après la rencontre entre le président américain Trump et les dirigeants musulmans s’est effondré avec l’accord annoncé après la rencontre avec le "génocidaire" Netanyahu : la déception est énorme.
Il semble que celui qui a vu Netanyahu en dernier ait réussi à mieux l’influencer. L’obsession de Trump — peu importe comment — de faire cesser la guerre semble le conduire à accepter toutes sortes de concessions. Est-ce si simple ? Le plan qu’il présente donne l’impression d’avoir arraché à Netanyahu presque toutes les conditions qu’il cherchait depuis deux ans.
Le Hamas abandonnerait les armes et remettrait tous les otages dans les 48 heures, mais Israël ne se retirerait pas immédiatement de Gaza ; son retrait serait progressif. Aucune garantie ni feuille de route n’explique comment et pourquoi Israël, désarmé et après avoir récupéré tous les otages, se retirerait de Gaza. Après avoir obtenu pendant toute la guerre tout ce qu’il voulait, pourquoi et comment partirait-il ? Personne n’apporte de certitude à ce sujet.
En réalité, c’est là le résumé du plan. Et ce texte diffère beaucoup de ce qui avait été discuté au sommet de New York, animé par le président Erdoğan et les dirigeants arabes et islamiques. C’est le plan que Netanyahu avait en tête depuis le départ et, semble-t-il, il a réussi à le présenter à Trump comme une "réconciliation" en vue de la paix. Selon l’accord conclu entre Netanyahu et Trump :
* Israël ne se retirera pas et la guerre ne prendra fin que si le Hamas remet totalement ses armes.
* Durant la période de transition à Gaza, il n’y aura pas d’Autorité palestinienne. La Maison-Blanche désignera un comité technocratique pour administrer Gaza, présidé par Tony Blair, ce qui reviendrait à une double occupation de Gaza.
* Dès l’entrée en vigueur de l’accord, tous les détenus devront être remis dans les 48 heures.
* Des passages seront ouverts pour ceux qui veulent quitter Gaza (migration volontaire).
* La direction du Hamas quittera Gaza volontairement et ceux qui resteront devront se rendre.
* Si le Hamas refuse les conditions, il se retrouvera face à un vrai dilemme (à la demande de Trump, l’exil depuis le Qatar est évoqué) : ses dirigeants pourraient être la cible d’assassinats et être suivis à l’étranger.
* La ville de Gaza serait en grande partie détruite et transformée en un modèle similaire à Rafah ou Beit Hanoun — vide, complètement dévastée et sous contrôle israélien.
* Le refus du Hamas donnerait à Netanyahu un feu vert international, arabe et américain pour prolonger la guerre et occuper le reste de la bande de Gaza.
* Le Hamas serait tenu pour seul responsable, aux yeux de l’opinion, des effusions de sang et des massacres à Gaza si le plan échoue.
Faut-il donc faire confiance à Tony Blair ? L’homme qui, en prônant la thèse des armes de destruction massive en Irak, a trompé l’opinion mondiale et contribué à un million de morts et au chaos régional, et qui, ces quinze dernières années, a conseillé des dictateurs pour contrer les mouvements populaires du Printemps arabe — que pourrait-il réellement apporter aux Gazaouis ?
Aux yeux de l’auteur, l’accord annoncé par Trump apparaît comme un chantage : Israël tient Gaza en otage pour faire plier le Hamas. Le seul facteur qui peut pousser le Hamas à signer, c’est d’arrêter l’hémorragie humaine — sauver son peuple, freiner le flot de morts, nourrir ceux qui meurent de faim. Sinon, pour le Hamas, cet accord est pire que la mort. Jusqu’ici, le mouvement, par sa conduite, a donné des leçons d’honneur à l’humanité ; il refuse que ses vies deviennent un objet de marchandage honteux.
Or depuis longtemps les forces d’occupation menacent la population civile de Gaza et font de ces vies un moyen de pression. Le message de Trump, selon la chronique, renforce cette menace : si le Hamas ne se rend pas — c’est-à-dire s’il ne rend ni armes ni otages — il sera rendu responsable d’un éventuel élargissement du carnage à Gaza. Quelle arrogance de faire peser ainsi la menace et d’imputer la responsabilité du pire à la victime plutôt qu’à l’agresseur.
Les pays arabes, en applaudissant et en félicitant un texte d’accord qui s’éloigne du consensus attendu, ont en pratique montré leur adhésion à un cadre dont certains, en coulisses, espéraient l’élimination du Hamas.
Reste que la décision appartient au Hamas. On voit clairement le piège dans lequel il se trouve. Nous avons témoigné de sa lutte ; nous avons été témoins de l’engagement le plus noble qu’il a montré au nom de l’honneur, de la dignité et de la liberté du peuple de Gaza ; et nous respecterons, jusqu’au bout, la décision qu’il prendra.
Le Hamas avait déjà annoncé qu’il ne gouvernait plus Gaza. Quel que soit le choix, quel que soit celui qui administrera Gaza, il est, selon l’auteur, illusoire de croire que l’on pourra désarmer et anéantir le Hamas : car le Hamas, c’est Gaza ; le Hamas, c’est la Palestine.
Le nom et le logo BIST sont protégés sous le "Certificat de Marque Protégée" et ne peuvent être utilisés, cités ou modifiés sans autorisation.Tous les droits d'auteur des informations publiées sous le nom BIST appartiennent entièrement à BIST et ne peuvent être republiés. Les données de marché sont fournies par iDealdata Finansal Teknolojiler A.Ş. Les données des actions BIST sont retardées de 15 minutes.