
Les célébrations du premier anniversaire de la révolution syrienne ont montré que le nouveau régime a réellement réussi à établir une relation sincère et solide avec le peuple. Le profil de leadership affiché par le chef de la révolution, le président Ahmed al-Charaa, lors de ces célébrations, révèle des scènes qui renforcent et nourrissent chaque jour davantage ses qualités et ses capacités de dirigeant. Ses discours, son comportement et sa ligne politique générale témoignent également de l’existence d’un capital social considérable pour la Syrie. Un leadership fort, charismatique et organique constitue une chance majeure pour un pays.
Un autre trait distinctif du leadership de Charaa réside dans le fait que, malgré un succès d’une telle ampleur, il ne renonce jamais à la modestie. Dans aucun de ses discours, il ne met en avant sa personne ni ses réussites personnelles. Lors d’une réunion, il s’attarde sur la différence entre le fauteuil qui lui est attribué et celui réservé à son ministre des Affaires étrangères, et refuse de poursuivre le programme tant que les sièges ne sont pas rendus identiques. Une autre scène tout aussi frappante est le fait qu’il n’autorise nulle part l’affichage de ses propres photographies, ni lors des célébrations de la révolution ni dans aucun autre contexte. Cette modestie, qui consiste à attribuer la révolution au peuple et à l’ensemble de ses compagnons d’armes, est sans aucun doute une qualité rarement observée et qui mérite d’être soulignée.
En l’espace d’une seule année, la Syrie dirigée par Charaa a parcouru un chemin considérable. Dans les zones sous contrôle, l’ordre, la tranquillité et la stabilité ont été rétablis. Certes, le chaos hérité de quatorze années de destruction et de soixante années de régime de type rideau de fer ne peut être effacé en si peu de temps. Mais Charaa et son équipe s’emploient à la fois à déblayer ces ruines et à ramener la Syrie à la place qui lui revient sur la scène internationale. Grâce à de solides initiatives diplomatiques et avec le soutien de La Türkiye, du Qatar et de l’Arabie saoudite, ils sont parvenus à obtenir la levée des sanctions américaines et onusiennes pesant sur la Syrie. Il s’agissait là d’une étape essentielle sur la voie du redressement.
Dans ce processus de dépassement des obstacles, la plus grande menace pour la Syrie demeure sans conteste Israël. Dès les premiers jours de la révolution, Israël a immédiatement affiché une attitude hostile, qu’il continue de manifester. Un État syrien uni, fort et reposant sur son peuple est perçu par Israël comme un ennemi naturel. En réalité, ce constat n’est pas infondé. Aucun régime s’appuyant véritablement sur son peuple ne peut considérer Israël comme un allié, ni même comme un voisin normal. Cette anomalie ne provient pas de ces régimes, mais bien d’Israël lui-même. En tant que puissance impériale et occupante animée par une volonté expansionniste, Israël considère comme ennemie toute force susceptible de contrecarrer ses ambitions. Il exige des régimes soumis. Assad en était un. Il n’a aucun problème avec d’autres acteurs régionaux qui continuent d’agir de la sorte. Israël perçoit La Türkiye comme une menace, car il la considère comme une puissance capable de faire échouer ses ambitions expansionnistes.
Même si Israël perçoit la Syrie de cette manière, le redressement du pays et l’accès de son peuple à la paix tant désirée depuis un siècle exigent l’unité nationale. Pour que les ressources du pays soient réparties équitablement entre tous les citoyens et que l’État puisse fournir des services à l’ensemble de la population, la Syrie doit conserver une structure unitaire et toutes les formations armées doivent être regroupées au sein d’une seule armée.
La quasi-totalité des autres composantes ont d’ailleurs accepté cette intégration. Toutefois, une partie des Druzes, ainsi que les FDS, qui contrôlent l’ensemble de l’est de l’Euphrate avec le soutien des États-Unis et disposent d’un arsenal lourd, refusent toujours de rejoindre cette unification. Pourtant, au début de la révolution, le 10 mars, elles avaient répondu positivement à cet appel et un accord avait été conclu prévoyant leur intégration d’ici la fin de l’année, soit le 30 décembre. Mais à mesure que l’échéance approche, l’hésitation manifeste des FDS devient de plus en plus visible.
Personne ne croit que cette question soit liée aux droits culturels, économiques ou politiques des Kurdes. Dans les régions que les FDS revendiquent et contrôlent de facto aujourd’hui, la population arabe représente environ 80 %. Deir ez-Zor, Raqqa et d’autres zones sont peuplées presque exclusivement d’Arabes. D’ailleurs, au sein même des FDS, figurent des tribus arabes de ces régions, notamment les tribus Shammar et Aghedat. Or, ces tribus s’opposent au refus des FDS de s’intégrer au gouvernement central, attitude dictée par les intérêts d’Israël. Elles disposent d’un poids considérable au sein des FDS et, si ces dernières persistent à prolonger inutilement ce processus, elles risquent fort de se retrouver, comme l’a dit le président Erdoğan, dans la situation de "perdre le blé qu’elles avaient à la maison en partant chercher du riz".
En réalité, la nouvelle Syrie dirigée par Charaa offre aux Kurdes une opportunité historique d’obtenir, en tant que citoyens à part entière du pays, la reconnaissance, le respect et la place qu’ils méritent. En pensant que Charaa pourrait se montrer faible face aux intentions et à l’agressivité d’Israël, ils commettent une grave erreur de calcul. Il est vrai qu’Israël a investi depuis sa création dans les Kurdes de la région. Mais ce que chacun doit comprendre, c’est qu’Israël n’a aucun avenir dans cette région. Israël est, à terme, une puissance occupante condamnée à perdre, et l’escalade de son agressivité ne fait qu’accélérer sa propre fin.
Depuis soixante ans, les souffrances du peuple syrien sont dues autant à la famille Assad qu’à Israël, qui a considéré ces oppressions comme une garantie de sa propre sécurité. Après la révolution, cette réalité est apparue au grand jour. Durant cette période, les Kurdes ont eux aussi lourdement souffert de ces violences. Pourtant, ce même Assad a tenté d’utiliser, dans sa guerre contre son propre peuple, des Kurdes auxquels il n’avait même pas accordé d’identité pendant des années, avant de les livrer à l’administration des États-Unis, et donc d’Israël.
Le cours de l’histoire a finalement changé, et Assad, comme tous les tyrans, a été chassé. Le peuple syrien se trouve aujourd’hui, pour la première fois depuis un siècle, en position d’instaurer un pouvoir juste, paisible et digne. Les Kurdes en sont conscients. Mais les FDS n’ont ni le droit d’enchaîner la volonté des Kurdes au service d’Israël, ni le moindre intérêt à le faire. L’évolution du monde impose l’unité et la solidarité de tous les peuples de la région, Turcs, Kurdes et Arabes, afin d’établir ensemble un ordre commun. Les FDS ne doivent pas se placer du mauvais côté de l’histoire.
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