Crédit Photo : Lillian SUWANRUMPHA / AFP
Un employé présente des bijoux en or à des clients chez Hua Seng Heng, un négociant en or situé dans le quartier de Chinatown à Bangkok, le 9 avril 2025.
Le cours de l’or a atteint un niveau record à 3.175 dollars l’once, porté par la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Les investisseurs, inquiets de l’instabilité économique et géopolitique, se tournent massivement vers ce métal précieux, valeur refuge par excellence. Exempté des droits de douane américains, l’or bénéficie aussi de la baisse du dollar et de l’engouement des banques centrales, qui s’en servent pour se protéger des chocs financiers et géopolitiques. Les conflits en Ukraine et à Gaza renforcent encore cette tendance haussière.
Face à la tourmente commerciale déclenchée début avril par Donald Trump, les investisseurs se ruent vers l’or, considéré comme une valeur refuge. Résultat: le métal jaune a franchi un nouveau record jeudi, atteignant
Depuis le début de l’année, le cours de l’or a bondi de plus de
, porté par un contexte d’incertitude économique et géopolitique croissante.
L’or épargné par les sanctions américaines
"Jusqu’à présent, les métaux précieux ont été exemptés des droits de douane américains"
, explique Frank Watson, de Kinesis Money. Selon lui, ces mesures visent surtout
"à stimuler les industries américaines"
, et taxer l’or ne contribuerait ni à la production nationale ni à la réduction du déficit commercial.
Dans la foulée de l’assaut douanier lancé le 2 avril par Donald Trump, l’or avait déjà atteint un sommet la semaine précédente. Après un léger recul dû à des prises de bénéfices, il est reparti à la hausse.
L’annonce de Trump mercredi, suspendant temporairement les principales surtaxes à l’exception de celles imposées à la Chine, n’a pas entamé cette dynamique.
La faiblesse du dollar renforce l’attrait de l’or
L’or reste un
actif de couverture stratégique
, détenu par les banques centrales, les institutions financières et les investisseurs particuliers.
"Il est difficile de s’en passer",
souligne Watson.
La guerre commerciale mondiale suscite des inquiétudes sur la croissance. Les marchés anticipent une baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine pour soutenir l’économie. Or, des taux plus bas affaiblissent la rentabilité du dollar et des bons du Trésor, ce qui profite directement à l’or.
La dernière salve douanière a même provoqué une chute du billet vert, renforçant encore l’intérêt pour l’or. De plus, les droits de douane ont un
qui fait baisser la valeur des monnaies. Là encore, l’or agit comme une protection.
L’or, un actif tangible et intemporel
"L’or est incroyablement rare et ne se corrode pas, ce qui en fait la réserve de valeur ultime à long terme"
, affirme Watson.
Utilisé en joaillerie, dans l’industrie ou conservé comme réserve, le métal jaune conserve sa valeur intrinsèque, même s’il ne génère pas d’intérêt.
"Quand la confiance dans les gouvernements, les banques et les institutions vacille, les gens veulent un actif tangible qu’ils peuvent posséder"
, déclare John Reade, du Conseil mondial de l’or (CMO).
L’appétit des banques centrales dope les cours
Les banques centrales participent également à cette flambée. En 2024, elles ont ajouté plus de
à leurs réserves, pour la troisième année consécutive, selon le dernier rapport annuel du CMO.
Ce regain d’intérêt s’explique notamment par la volonté de se
, phénomène amorcé après l’invasion de l’Ukraine.
"La confiscation des réserves russes a agi comme un déclencheur",
rappelle Charlie Morris, analyste chez ByteTree.
Après que Moscou a envahi l’Ukraine en 2022, les réserves de change de la Banque centrale russe à l’étranger ont été gelées. Depuis, la prudence domine chez de nombreux États, d’autant plus que le conflit à Gaza, depuis octobre 2023, renforce les incertitudes géopolitiques.
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