Meta paye cher pour attirer des talents de l'IA et rebondir, mais des doutes subsistent

10:5230/06/2025, lundi
AFP
Malgré des recrutements spectaculaires et des acquisitions massives, Meta peine à convaincre sur sa stratégie dans l’intelligence artificielle.
Crédit Photo : X /
Malgré des recrutements spectaculaires et des acquisitions massives, Meta peine à convaincre sur sa stratégie dans l’intelligence artificielle.

En état d'alerte, Mark Zuckerberg et Meta déboursent actuellement des milliards pour étoffer leur équipe d'intelligence artificielle (IA) et se replacer dans la course, une stratégie qui fait des sceptiques.

Mi-juin, l'empire américain des réseaux sociaux n’a pas hésité à débourser plus de 14 milliards de dollars pour acquérir 49 % du capital de Scale AI, entreprise spécialisée dans la mise en état des données utilisées pour développer les modèles d’IA.

Le groupe de Menlo Park (Californie) avait auparavant approché, selon plusieurs médias américains, le cofondateur d’OpenAI Ilya Sutskever, Perplexity AI — rival autoproclamé de Google — ou encore le fleuron de la vidéo IA, Runway.


Selon le patron d’OpenAI, Sam Altman, Meta aurait proposé à
"beaucoup"
de ses employés des primes de signature de plus de 100 millions de dollars, avec un salaire annuel équivalent. Quatre d’entre eux auraient accepté, tout comme le directeur général de Scale AI, Alexandr Wang.

D’après plusieurs sources, c’est Mark Zuckerberg en personne qui a lancé l’offensive, préoccupé par le retard pris par Meta dans l’IA générative, en dépit de dizaines de milliards investis. Le dernier grand modèle lancé par l’entreprise, Llama 4, début avril, a déçu.

Dans le classement établi par la plateforme indépendante LMArena, Llama 4 se positionne derrière tous les poids lourds — américains, chinois et français — pour l’écriture de code, et même derrière Llama 3 pour l’interface texte.


Meta entend intégrer ses nouvelles recrues dans une équipe dédiée au développement de la
"superintelligence"
, une IA aux capacités supérieures à celles de l’homme.

"Dépenses incontrôlées"


"Je pense qu’il va réussir à attirer de vrais talents, et il n’avait pas trop le choix"
, commente à l’AFP le blogueur Zvi Mowshowitz.
"Mais ce côté mercenaire est problématique. Personne ne veut travailler pour cette entreprise et ses produits, sauf contre des rémunérations astronomiques."

"Du coup, je ne m’attends pas à ce que ça marche, c’est-à-dire que Meta reprenne la main dans l’IA"
, ajoute-t-il.

À Wall Street, malgré un cours proche de son record et une capitalisation de près de 2.000 milliards de dollars, certains investisseurs s’inquiètent.

"Les investisseurs institutionnels se préoccupent surtout du cash-flow et de la bonne gestion des capitaux"
, analyse Ted Mortonson, analyste chez Baird.
"Et aujourd’hui, il n’y a aucun contre-pouvoir à Mark Zuckerberg."

Selon lui, si les actionnaires conservent leurs titres, c’est en raison du potentiel de la publicité IA, domaine dans lequel Meta est bien positionné.
"Mais ils s’inquiètent aussi de ces dépenses incontrôlées."

Lors d’un entretien au podcast Stratechery, Mark Zuckerberg a affirmé vouloir remplacer totalement les agences de publicité par une IA capable d’offrir une solution tout-en-un aux annonceurs. Il espère ainsi ouvrir une nouvelle source de revenus.

"Cela ne change rien au potentiel de rentabilité à court terme"
, estime Angelo Zino, analyste chez CFRA, qui reste optimiste à plus long terme:
"Cela va créer plus d’opportunités pour monétiser l’IA — via la publicité, les lunettes ou casques connectés, ou même Llama."

Selon le New York Times, Zuckerberg envisagerait d’abandonner Llama comme fer de lance de l’IA chez Meta, au profit de modèles concurrents.


Mehmet Canayaz, professeur à l’université Penn State, souligne que l’IA générative entre dans une nouvelle phase, celle des agents numériques, plus petits et autonomes, capables de remplir une large gamme de tâches.

"Cela signifie que Meta peut prospérer sans disposer des modèles les plus avancés, à condition que les siens répondent à des besoins spécifiques, comme dans la publicité"
, explique-t-il.

Quant à la superintelligence, voire l’intelligence artificielle générale (AGI), équivalente ou supérieure à l’intelligence humaine,
"il faudra encore attendre trois à cinq ans"
, prévoit Angelo Zino.
"Mais il faut dès maintenant recruter et investir massivement pour être prêt lorsque cette phase débutera."

À lire également:





#IA
#entreprises
#dirigeants
#USA
#technologies
#internet
#Meta
#Mark Zuckerberg
#intelligence artificielle
#IA générative
#Llama 4
#Scale AI
#OpenAI
#agents numériques
#superintelligence
#IA publicitaire
#Perplexity AI
#Runway
#IA Meta
#investissements IA
#technologie IA