
Trois responsables européens de l'ONG INSO, dont deux Français, ont été arrêtés au Burkina Faso a annoncé mardi la junte au pouvoir dans ce pays qui assume mener une politique souverainiste et anti-impérialiste.
Au total, huit membres d'INSO ont été arrêtés: le directeur pays, un Français, son adjointe franco-sénégalaise, le directeur général adjoint tchèque de l'organisation basée à la Haye (Pays-Bas) ainsi qu'un ressortissant malien et quatre burkinabè.
L'ONG fournit notamment des analyses sécuritaires pour d'autres associations humanitaires.
Le Burkina Faso est dirigé depuis près de trois ans par un gouvernement militaire qui a tourné le dos à l'Occident et à la France en particulier.
Les dates des arrestations n'ont pas été précisées par le ministre qui a toutefois ajouté que le directeur général adjoint de l'ONG s'est rendu à Ouagadougou le 8 septembre, malgré la suspension.
La junte du capitaine Ibrahim Traoré, arrivée au pouvoir il y a trois ans, fait face aux violences terroristes qui frappent de larges pans de son territoire. Elle a rompu avec plusieurs puissances occidentales, la France en tête, régulièrement accusée de vouloir déstabiliser le pays, ce que Paris nie.
Répression
Elle a exigé le départ en 2023 des soldats engagés dans la lutte antiterroriste et a expulsé des diplomates français l'an dernier.
Entre juin et juillet, la junte a par ailleurs révoqué en l'espace d'un mois l'autorisation d'exercer de 21 ONG et suspendu dix autres associations pour une durée de trois mois.
Les voix critiques du régime sont durement réprimées au Burkina Faso où de nombreux cas d'enlèvement d'individus ont été rapportés dans le pays depuis plus d'un an.
Le capitaine Traoré est notamment accusé d'utiliser de manière abusive un décret de mobilisation générale permettant d'enrôler de force des citoyens sur le front.
Ces derniers mois, le régime a libéré une dizaine de personnes enlevées ou arrêtées puis mobilisées, notamment deux figures de la société civile lundi soir.
Avec le Mali, où des militaires sont aussi au pouvoir, ces trois pays sahéliens sont confrontés depuis des années à des violences terroristes. Ils se sont rapprochés pour former une confédération, l'Alliance des Etats du Sahel (AES).