Corée du Sud: l'opposition dépose une motion de destitution contre le président par intérim

10:1926/12/2024, Perşembe
AFP
Le Premier ministre sud-coréen et président par intérim Han Duck-soo s'adresse à la nation dans le complexe gouvernemental de Séoul, le 26 décembre 2024.
Crédit Photo : YONHAP / AFP
Le Premier ministre sud-coréen et président par intérim Han Duck-soo s'adresse à la nation dans le complexe gouvernemental de Séoul, le 26 décembre 2024.

L'opposition sud-coréenne a annoncé jeudi avoir déposé une motion de destitution contre le président par intérim, Han Duck-soo.

Ce nouvel épisode accentue la crise politique traversée par la quatrième économie d'Asie, déclenchée par le coup de force manqué de l'ex-président Yoon Suk Yeol début décembre.
"Nous avons déposé la motion juste avant la séance plénière"
, a déclaré le député du Parti démocrate, Park Sung-joon, à des journalistes à l'Assemblée nationale.
"Nous la soumettrons au vote demain"
, a-t-il ajouté.

L'opposition reproche à M. Han de refuser de pourvoir trois sièges vacants à la Cour constitutionnelle, laquelle doit, dans les six mois, valider ou invalider la destitution du président conservateur Yoon Suk Yeol. Ce dernier avait été démis de ses fonctions par un vote des députés le 14 décembre pour sa tentative ratée d'imposer la loi martiale et de museler le Parlement en y envoyant l'armée onze jours plus tôt.

Han Duck-soo, Premier ministre, assure l’intérim de la présidence, tandis que M. Yoon est suspendu dans l’attente du verdict de la Cour constitutionnelle. Celle-ci doit statuer à la majorité des deux tiers, mais trois de ses neuf sièges sont vacants depuis la retraite de leurs titulaires à l’automne dernier.


Les trois nouveaux juges devaient être nommés jeudi par le président parmi les candidats sélectionnés par l’Assemblée nationale, dominée par l’opposition.

Cependant, M. Han, un haut fonctionnaire de 75 ans, estime que son statut de président intérimaire ne lui permet pas de procéder à des nominations importantes. Il demande un accord préalable entre le Parti du pouvoir au peuple (PPP, au pouvoir) et les formations d'opposition.


Le président par intérim doit
"s'abstenir d'exercer les pouvoirs présidentiels exclusifs les plus importants, y compris les nominations dans les institutions constitutionnelles"
, a déclaré M. Han.
"Un consensus entre le parti au pouvoir et l'opposition à l'Assemblée nationale, qui représente le peuple, doit d'abord être atteint",
a-t-il insisté.

Première audience de la Cour vendredi


La Cour constitutionnelle doit tenir vendredi une première audience sur la destitution de M. Yoon. Si les sièges vacants ne sont pas pourvus avant la fin de la procédure, les six juges restants devront statuer à l'unanimité pour destituer définitivement M. Yoon. Un seul vote contre signifierait son rétablissement automatique dans ses fonctions.

Le refus de M. Han de nommer les nouveaux juges démontre
"qu'il n'a ni la volonté ni les compétences pour respecter la Constitution"
, a affirmé Park Chan-dae, chef de file des députés du Parti démocrate.

Si la motion déposée par l'opposition est adoptée, ce serait la première destitution d’un président par intérim après celle d’un président titulaire dans l’histoire de la Corée du Sud. Le ministre des Finances, Choi Sang-mok, deviendrait alors président par intérim.

La Constitution sud-coréenne stipule que l'Assemblée nationale peut destituer le président par un vote à la majorité des deux tiers, et le Premier ministre et les autres membres du gouvernement à la majorité simple.


L'opposition, qui contrôle 192 des 300 sièges de l'Assemblée, affirme qu’une majorité simple suffit pour démettre M. Han, puisqu'il est Premier ministre. Toutefois, le PPP soutient qu'une majorité des deux tiers est nécessaire, car M. Han est président par intérim.

Yoon Suk Yeol, 64 ans, fait également l’objet d’une enquête pour
"rébellion"
, un crime passible de la peine de mort.

Le Bureau d’enquête sur la corruption, qui supervise les investigations, a déjà convoqué deux fois le président déchu pour l’interroger sur les événements de la nuit du 3 au 4 décembre, qui avaient choqué le pays. Mais M. Yoon ne s’est pas présenté à ces convocations.

Les enquêteurs doivent décider dans les prochains jours s’ils émettent une troisième convocation ou s’ils demandent à la justice un mandat d’amener pour forcer M. Yoon à comparaître.


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