Le Rwanda organise ce lundi son élection présidentielle, perçue comme un remake du plébiscite de 2017, remporté avec plus de 98 % des voix par le chef de l'État Paul Kagame, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 30 ans.
Âgé de 66 ans, Paul Kagame affrontera les mêmes adversaires qu'il y a sept ans: Franck Habineza, chef du seul parti d'opposition autorisé (le Parti démocratique vert), et l'indépendant Philippe Mpayimana. Les deux candidats avaient alors recueilli respectivement 0,48 % et 0,73 % des voix.
Cependant, son régime est critiqué pour son rôle en République démocratique du Congo voisine, où son armée est accusée par l'ONU de combattre aux côtés des rebelles du M23, et pour la répression des voix dissidentes. Plusieurs figures de l'opposition, comme Victoire Ingabire et Bernard Ntaganda, n'ont pas pu se présenter en raison de condamnations passées. La justice a rejeté leurs demandes de voir leurs droits civiques restaurés.
Au total, 9,01 millions d'électeurs sont inscrits pour ce scrutin, qui sera pour la première fois couplé avec les législatives pour renouveler le Parlement, dominé par le parti de Paul Kagame, le Front patriotique rwandais (FPR).
"Président Pour Toujours"
Cette année encore, le déséquilibre entre l'homme fort du pays depuis la fin du génocide des Tutsi en 1994 et ses adversaires a été flagrant durant les trois semaines de campagne.
Il nous a donné une voix à nous, les femmes, il nous a apporté des routes, des hôpitaux... Je veux qu'il reste président pour toujours.
"Formalité"
M. Kagame est l'homme fort du Rwanda depuis qu'il a renversé en juillet 1994, avec la rébellion du FPR, le gouvernement extrémiste hutu, mettant fin au génocide qui a fait, selon l'ONU, 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Après avoir atteint la limite de deux septennats, le dirigeant avait pu se présenter en 2017 grâce à une révision constitutionnelle controversée en 2015 instaurant le quinquennat, tout en maintenant un maximum de deux mandats. Cette modification, vivement critiquée, a remis à zéro le nombre de mandats de Paul Kagame et l'autorise également à briguer un septennat transitoire 2017-2024.
Cette réforme lui permet donc, en cas de réélections, de rester au pouvoir jusqu'en 2034.