En France, le chômage remonte, les inquiétudes aussi

14:1410/02/2025, lundi
AFP
Le taux de chômage en France est attendu en hausse cette année: l'Insee le voit à 7,6% mi-2025, la Banque de France "entre 7,5% et 8% en 2025-2026" et l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), aux alentours de 8% pour la fin 2025.
Crédit Photo : LUDOVIC MARIN / AFP
Le taux de chômage en France est attendu en hausse cette année: l'Insee le voit à 7,6% mi-2025, la Banque de France "entre 7,5% et 8% en 2025-2026" et l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), aux alentours de 8% pour la fin 2025.

"Est-ce qu'ils vont trouver un miracle?": de Paris à l'Alsace (est) en passant par Cholet (ouest), la remontée du chômage suscite des inquiétudes chez les demandeurs d'emploi comme chez les salariés touchés par de récents plans sociaux.

Fin janvier, le nombre de chômeurs a grimpé de 3,9% en France au quatrième trimestre 2024 par rapport au troisième trimestre, soit la plus forte remontée en une décennie en dehors de la crise du Covid-19, selon le ministère du Travail.


L'Insee doit dévoiler à son tour mardi le taux de chômage au quatrième trimestre mesuré au sens du Bureau international du travail (BIT) et actuellement à 7,4%. Il risque de confirmer que l'objectif de plein emploi et d'un taux de chômage autour de 5% que le chef de l'État Emmanuel Macron espérait atteindre en 2027 s'éloigne.

A son arrivée à l'Elysée en 2017, le taux de chômage s'élevait à 9,5%. Il a baissé de façon quasi-continue depuis 2015 pour atteindre 7,1% début 2023, puis la machine a commencé à s'enrayer.


Cette situation n'est pas unique en Europe: en Allemagne, le taux de chômage a légèrement augmenté à 6,2% en janvier. Idem en Italie où il a augmenté de 0,3 point en décembre, à 6,2% également. Même situation au Royaume-Uni où le chômage a légèrement augmenté (4,4% lors des trois mois terminés en novembre).


Retournement du marché


Tous organismes économiques confondus, le taux de chômage en France est attendu en hausse cette année: l'Insee le voit à 7,6% mi-2025, la Banque de France
"entre 7,5% et 8% en 2025-2026"
et l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), aux alentours de 8% pour la fin 2025.

Un retournement du marché du travail source d'angoisse pour ceux qui en cherchent.


Rencontré à Paris, Rowan Vienn, qui a terminé un Contrat à durée déterminée (CDD) depuis trois mois et cherche dans le prêt-à-porter ou envisage une reconversion, confie que la hausse du chômage lui fait
"un petit peu peur". 

Le jeune homme de 25 ans, qui a
"postulé un petit peu partout"
sans réponse à ce stade, questionne:

Est-ce qu'il va y avoir une solution, est-ce qu'ils vont trouver un miracle?

"Il y a du monde qui cherche du travail, beaucoup"
et
"beaucoup d'entreprises sont déjà fermées, en faillite"
, constate Mamadou, 22 ans, qui cherche, lui, un poste dans la restauration ou la boulangerie.
"Ça va être difficile, ça fait quatre mois que je cherche",
mais
"on ne peut pas rester les bras croisés"
, dit-il. 

"2025 s'annonce catastrophique"


Autre situation, même angoisse pour Jack Roux, 51 ans, salarié du géant mondial du pneu Michelin à Cholet (ouest) depuis 24 ans.


"On sait très bien que ça va aller mal"
, dit cet employé du groupe qui a annoncé fin 2024 la fermeture prochaine de deux usines à Vannes (ouest) et Cholet, où travaillent 1.254 personnes.

En 2024, ce n'était déjà pas terrible, mais 2025 s'annonce catastrophique.

"Toute notre crainte est là: celle d’avoir du mal à retrouver un emploi",
dit-il, en relevant que dans son bassin d'emploi, habituellement peu touché par le chômage,
"même ici en ce moment on licencie". 

A plus de 50 ans, Jack pense que
"pour retrouver du boulot, ce sera dur". 

A plus de 800 kilomètres de là, à Strasbourg (est), c'est le dernier jour de travail pour la majorité des quelque 240 ouvriers licenciés de l'usine de l'équipementier automobile Dumarey. Sandrine, 53 ans dont 30 ans d'ancienneté, a les larmes aux yeux.


"Je pense que je vais finir par retrouver du travail, mais pas dans une usine, c'est certain. Mais passé 50 ans, ce n'est pas évident",
dit-elle.

"Je ne sais pas vers quoi je vais me tourner, c'est clair que l'industrie, c'est grillé"
, dit aussi Malek Kirouane, délégué syndical CGT et technicien d'atelier, 57 ans, qui craint que beaucoup se retrouvent
"sur la paille".

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