Dans quelques jours, le 20 décembre 2023, des élections générales auront lieu en République démocratique du Congo.
À plusieurs reprises, des voix se sont élevées appelant au report de ces élections, mais les autorités de Kinshasa, le président Félix Tshisekedi en tête, ont insisté sur leur organisation dans les délais prévus, soit à la fin de l'année en cours, question de rompre avec d'anciennes pratiques, reportant les élections pour divers prétextes, parfois sanitaires, parfois sécuritaires, etc.
Un défi sécuritaire persistant
Qui dit RDC, dit au moins 100 groupes armés actifs depuis au moins deux décennies, que les autorités n'ont pu éradiquer, malgré l'assistance des Casques bleus onusiens déployés dans le cadre de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), qui s'apprête, d'ailleurs, à plier bagage avant la fin de 2023, faute de résultats satisfaisants, malgré la persistance du défi sécuritaire dans la région.
Kinshasa, considérant que cette mission n'a pas atteint ses objectifs, a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de mettre fin à son mandat, qui n'a pas tardé à donner une réponse favorable, bien que convaincu que la situation est loin d'être sous contrôle.
Dans la foulée de ce processus de désengagement, les autorités congolaises ont demandé à la Communauté est-africaine de déployer une force conjointe dans les régions en tension. A peine une année après son déploiement, cette force n'a pas donné satisfaction et Kinshasa a refusé de renouveler son mandat qui a pris fin le 8 décembre courant.
A l'opposé de cette agitation, côté forces congolaises, régionales et onusiennes, la situation se complique davantage côté groupes armés, avec la résurgence notamment des rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars) qui, après leur démantèlement en 2013, ont repris les armes en 2022 et réussi à s'emparer de plusieurs localités au sous-sol riche en minerais dans le Nord-Kivu, défiant aussi bien les forces armées congolaises que celles de la Monusco et semant la terreur au sein des populations, contraintes au déplacement par milliers.
La particularité de la menace que représente le M23 trouve justification dans le soutien apporté par le Rwanda à ce groupe, malgré les condamnations et les appels au retrait lancés aussi bien dans le cadre du processus de paix de Luanda que par les instances onusiennes.
Crise humanitaire
La situation sécuritaire étant telle, les populations civiles quittent massivement leurs terres et leurs demeures en direction de régions plus paisibles et plus vivables. Les chiffres concernant les déplacements internes pour des raisons sécuritaires sont, ainsi, alarmants.
Ces déplacements massifs des populations contribuent, selon la même source, à l'aggravation des risques sanitaires comme l'amplification de maladies déjà existantes, telles que la rougeole et le choléra, mais aussi à l'amplification de violences d'une autre dimension, touchant le genre et l'exploitation sexuelle.
Elections malgré tout
Face à ce contexte, aussi complexe soit-il, les autorités congolaises n'ont pas annoncé de mesures spéciales pour les zones en tension.
Certains acteurs de la société civile évoquent également des manquements d'ordre logistique, surmontables, certes, mais à condition que tout puisse rentrer dans l'ordre au plus vite, avant le 20 décembre.
Dans les camps de réfugiés, la priorité partagée par une grande majorité de déplacés ne va pas plus loin qu'un retour apaisé à la maison et les élections ne font pas partie des priorités.