
Le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré, dimanche, à propos des récents affrontements en Syrie entre les forces gouvernementales et les loyalistes du régime Al-Assad, qu'il y avait une "tentative de faire échouer la politique du gouvernement syrien qui, depuis des semaines, ne réagit pas aux provocations".
C'est ce qui ressort des déclarations de Hakan Fidan lors d'une conférence de presse conjointe organisée dimanche à Amman, en Jordanie, à l'occasion d'un sommet des ministres des affaires étrangères de la Türkiye, de la Jordanie, de l'Irak, du Liban et de la Syrie.
Lors de son intervention, Fidan a également souligné qu'il était important que les alaouites, les chrétiens, les druzes et les nusayris de Syrie ne soient pas impliqués dans des provocations.
Les ministres des affaires étrangères et de la défense de ces pays, ainsi que les chefs des services de renseignement et les responsables militaires, ont pris part à cette réunion, qui a porté sur la coopération en matière de sécurité, la lutte contre le terrorisme et contre le crime organisé, ainsi que la dynamique régionale au sens large.
Représentant la Türkiye, étaient présents à la réunion le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, le ministre de la Défense nationale, Yasar Guler, et le chef de l'Organisation nationale du renseignement (MIT), Ibrahim Kalin.
Ces derniers jours, les provinces côtières syriennes de Lattaquié et de Tartous ont connu une flambée de violence à la suite d'attaques coordonnées par des loyalistes de l'ancien régime d'Al-Assad. Ces attaques, qui ont fait des morts et des blessés, ont été décrites comme les plus graves depuis la chute du régime en décembre et ont visé des patrouilles de sécurité, des points de contrôle et des hôpitaux.
En réponse, les forces sécuritaires et militaires ont lancé des opérations de grande envergure pour traquer les assaillants. Ces opérations ont donné lieu à de violents affrontements, alors que les représentants du gouvernement affirment que la situation évolue vers une stabilisation totale.
Bachar Al-Assad, dirigeant de la Syrie depuis près de 25 ans, a fui en Russie le 8 décembre, mettant fin au régime du parti Baas, au pouvoir depuis 1963.
Ahmad al-Charaa, qui a dirigé les forces anti-régime pour évincer Al-Assad, a été déclaré président pour une période transitoire le 29 janvier.
Lors des discussions d'aujourd'hui, les participants ont évalué les mesures concrètes à prendre, a indiqué Fidan.
Les pays participant à la réunion ont exprimé leur position commune contre les politiques expansionnistes d'Israël dans la région par le biais d'une déclaration finale, a indiqué Hakan Fidan.
Fidan a ajouté que les cinq pays œuvreraient de concert en vue d'unir leurs forces et d'éliminer complètement Daech dans la région avant sa résurgence.
Il a également annoncé que la Türkiye accueillerait la prochaine réunion.
Lutte contre Daech, affrontements en Syrie
À l'issue de son allocution, le ministre turc des affaires étrangères a répondu aux questions de la presse.
Citant la ferme volonté du président turc Recep Tayyip Erdogan d'utiliser toutes les ressources et capacités disponibles pour éliminer la menace de Daech, Fidan a souligné la position ferme de la Türkiye dans cette lutte.
Il a ajouté qu'en raison de la capacité de Daech à provoquer des troubles et à opérer dans plusieurs pays simultanément, un seul pays ne peut à lui seul s'attaquer à ce groupe, car son action pourrait repousser la menace sans pour autant l'éliminer complètement.
Il a ainsi souligné l'importance pour les pays de la région de former une plateforme solide pour lutter contre cette menace.
Fidan a souligné la nécessité de rester "vigilant" face aux provocations et a indiqué qu'il avait discuté de cette question avec ses homologues syriens.
Il a également déclaré qu'une certaine propagande sur les plateformes internationales avait eu un impact négatif sur les événements en Syrie et que des efforts devaient être faits pour empêcher une escalade des provocations.
Le groupe terroriste PKK n'est pas seulement le problème de la Türkiye
Fidan a déclaré que le PKK ne contrôle même pas un mètre carré de terre en Türkiye, mais que sa branche syrienne, le PKK/YPG, a occupé un tiers de la Syrie, pris le contrôle des ressources énergétiques et s'est emparé de 700 villages dans la région kurde de l'Irak, ainsi que de Sinjar.
Durant sa campagne de terreur de près de 40 ans contre la Türkiye, le PKK - classé comme organisation terroriste par la Türkiye, les États-Unis et l'UE - s'est rendu responsable de la mort de plus de 40 000 personnes, dont des femmes, des enfants et des nourrissons. Le PKK/YPG est la branche syrienne du groupe terroriste.
Le ministre turc des Affaires étrangères a souligné qu'il devrait y avoir une vision commune non seulement dans la lutte contre Daech, mais aussi contre le groupe terroriste PKK.
La Türkiye travaille en étroite collaboration avec ses homologues irakiens et syriens sur ces questions, a-t-il assuré.