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L'opposition entre syndicats et gouvernement se poursuit mardi en France, où d'importantes manifestations sont à nouveau attendues contre une impopulaire réforme des retraites voulue par le président Emmanuel Macron, dont le recul de l'âge de départ à 64 ans constitue la mesure phare.
Alors qu'un à deux millions de personnes avaient marché le 19 janvier lors du premier appel intersyndical à la grève, l'indice de mobilisation s'annonce à nouveau élevé, une source dans
les services de renseignement s'attendant à 1,2 million de manifestants au niveau national
"en fourchette haute, dont 100.000 à Paris"
.
Les premiers cortèges devaient s'élancer dès 10H00 (09H00 GMT).
La grève est très suivie dans les transports sur rails avec une circulation des métros et trains de banlieue très perturbée en région parisienne, de même que celle du réseau ferroviaire à grande vitesse des TGV. La situation est encore plus difficile pour les trains régionaux et
le trafic des grandes lignes est quasiment à l'arrêt
.
La SNCF, compagnie ferroviaire nationale, prévoit lundi un trafic
"très fortement perturbé"
, avec deux trains régionaux sur dix et 25 à 30% des trains à grande vitesse selon les axes.
A Bordeaux (sud-ouest), Josselin et Alicia Frigier, 40 ans, ont passé plusieurs heures en bus pour rentrer de Madrid mais leur train pour La Rochelle est annulé.
"On nous propose à la place une heure de train et trois heures de bus"
, détaille la voyageuse. Son mari, malgré la fatigue, concède que s'il y a grève,
"c'est sûrement pour une bonne raison"
.
Raffineries très mobilisées
Dans les aéroports, la grève de contrôleurs aériens devait provoquer perturbations et retards.
Un vol sur cinq devait être annulé à Paris-Orly, au sud de la capitale.
A Paris-Roissy (nord), il devait y avoir suffisamment de personnel non gréviste pour assurer le programme prévu, selon la direction générale de l'aviation civile.
La grève est très suivie, comme anticipé, dans
les raffineries en particulier celles du géant TotalEnergies qui comptent 75 à 100% de grévistes
, a indiqué mardi matin le syndicat CGT.
"Les expéditions de produits au départ des sites de TotalEnergies sont interrompues ce jour mais TotalEnergies continuera à assurer les approvisionnements de son réseau de station-service et ses clients"
, a assuré la direction du groupe.
Les employés de ce secteur s'étaient déjà fortement mobilisés les 19 et 26 janvier: les expéditions de carburants avaient alors été bloquées 24 heures à chaque fois et des débrayages avaient pu concerner par moment jusqu'à 100% du personnel sur certains sites.
Côté électricité, la CGT et le site internet de la société publique EDF rapportaient que
les grévistes avaient occasionné dans la nuit de lundi à mardi des baisses de production de
, soit l'équivalent de trois réacteurs nucléaires
. Mais sans
pour les usagers, selon Fabrice Coudour, secrétaire fédéral du syndicat FNME-CGT.
Un préavis de grève national interprofessionnel a également été déposé pour l'ensemble de la fonction publique, où la précédente journée d'action du 19 janvier avait mobilisé 28% de grévistes parmi les 2,5 millions d'agents de l'Etat, selon un chiffre du ministère.
Dans les écoles,
50% des enseignants des maternelles et des primaires seront grévistes
, selon le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, qui y voit le signe d'un haut niveau de contestation, après le taux de 70% de grévistes le 19 janvier.
La réforme des retraites, chantier crucial du second quinquennat d'Emmanuel Macron, auquel il s'était engagé dès la campagne de son premier mandat, prévoit un recul de l'âge légal de 62 à 64 ans et une accélération de l'allongement de la durée de cotisation.
Les cotes de popularité du président et de la Première ministre Elisabeth Borne ont chuté de cinq points en un mois et demi
pour s'établir respectivement à 36% et 31%, selon un sondage paru mardi.
Malgré un rejet croissant dans l'opinion, l'exécutif reste ferme: Emmanuel Macron a jugé lundi soir la réforme
après Elisabeth Borne qui avait estimé que le report de l'âge légal de départ à 64 ans n'était
.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui prévoit 11.000 policiers et gendarmes mobilisés partout en France mardi pour encadrer les manifestants, accuse de son côté les partis de gauche de
le débat pour
"empêcher systématiquement le gouvernement d'avancer"
.
Des propos qui traduisent
"une certaine fébrilité de la part de la majorité"
, estime Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise (gauche radicale) à l'Assemblée nationale.
Quelque 7.000 amendements ont été déposés, dont 6.000 par la gauche, contre la réforme
, qu'une soixantaine de parlementaires, réunis au sein de la commission des Affaires sociales ont commencé à discuter lundi.
La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. C'est 65 ans en Allemagne, Belgique ou Espagne, 67 ans au Danemark selon le Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale, un organisme public français.
Le gouvernement a fait le choix d'allonger la durée de travail, pris pour répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. Il défend son projet en le présentant comme
"porteur de progrès social"
notamment en revalorisant les petites retraites.
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