Le "génocide" commis par Israël "a atteint un niveau horrible", dénonce Pretoria devant la CIJ

La rédaction
18:0816/05/2024, jeudi
AFP
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Le conseiller juridique de l'ambassade d'Afrique du Sud aux Pays-Bas, Cornelius Scholtz (G), et l'ambassadeur d'Afrique du Sud aux Pays-Bas, Vusi Madonsela, lors de l'audience à la Cour internationale de justice (CIJ) sur la situation à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à La Haye, le 16 mai 2024.
Crédit Photo : LINA SELG / ANP / AFP
Le conseiller juridique de l'ambassade d'Afrique du Sud aux Pays-Bas, Cornelius Scholtz (G), et l'ambassadeur d'Afrique du Sud aux Pays-Bas, Vusi Madonsela, lors de l'audience à la Cour internationale de justice (CIJ) sur la situation à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à La Haye, le 16 mai 2024.

"Le génocide" commis par Israël "a atteint un niveau horrible", a déclaré jeudi devant la plus haute juridiction de l'ONU l'Afrique du Sud, qui demande aux juges d'enjoindre à Israël de cesser son incursion à Rafah.

"L’Afrique du Sud avait espéré, lors de notre dernière comparution devant cette cour, mettre un terme à ce processus génocidaire afin de préserver la Palestine et son peuple"
, a déclaré Vusimuzi Madonsela, le représentant de Pretoria.

"Au lieu de cela, le génocide d'Israël s’est poursuivi à un rythme soutenu et vient d’atteindre un nouveau et horrible niveau"
, a-t-il ajouté.

L'opération israélienne à Rafah
"est la dernière étape de la destruction de Gaza et de son peuple palestinien"
, a déclaré Vaughan Lowe, un avocat de l'Afrique du Sud.

Les avocats de Pretoria, qui appellent les juges à ordonner un cessez-le-feu à Gaza, ont donné le coup d'envoi de deux jours d'audiences au Palais de la Paix, siège de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Israël, qui récuse les accusations sud-africaines, y répondra vendredi. Il a précédemment souligné son engagement
"inébranlable"
à faire respecter le droit international et qualifié l'affaire portée par l’Afrique du Sud de
"totalement infondée"
et
"moralement répugnante".

Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.


Mais la cour n'est pas allée jusqu'à ordonner un cessez-le-feu. Or pour l'Afrique du Sud, l'évolution de la situation sur le terrain – notamment l'opération à Rafah – nécessite une nouvelle ordonnance de la CIJ.

Dans sa requête, Pretoria a déclaré:


Comme le démontrent des preuves accablantes, la manière même dont Israël poursuit ses opérations militaires à Rafah et ailleurs à Gaza est en soi génocidaire.

"Il faut lui ordonner d'arrêter."

Les ordonnances de la CIJ, qui a le rôle de trancher les différends entre États, sont juridiquement contraignantes mais elle n'a aucun moyen de les faire respecter.

L'Afrique du Sud demande à la CIJ trois nouvelles mesures d'urgence en attendant qu'elle se prononce sur le fond de l'affaire, l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948. 


Premièrement, elle souhaite que la juridiction ordonne à Israël de
"retirer et de cesser immédiatement son offensive militaire"
à Rafah.

Israël devrait aussi prendre
"toutes les mesures efficaces"
pour permettre
"un accès sans entrave"
à Gaza aux travailleurs humanitaires, ainsi qu'aux journalistes et aux enquêteurs. 

Enfin, Pretoria demande à la CIJ de veiller à ce qu'Israël fasse un rapport sur les mesures prises pour respecter les ordonnances.


'Dernier refuge'


"En tant que principale plaque tournante de l'aide humanitaire à Gaza, si Rafah tombe, Gaza aussi",
a déclaré l'Afrique du Sud dans sa requête. 

Le document ajoute:


En attaquant Rafah, Israël attaque le 'dernier refuge' à Gaza et la seule zone restante de la bande de Gaza qui n'a pas encore été substantiellement détruite par Israël.

Pretoria a souligné que la seule manière de mettre en œuvre les décisions de justice existantes était un
"cessez-le-feu permanent à Gaza". 

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui a juré d'anéantir le groupe de résistance palestinien Hamas, est déterminé à lancer une offensive terrestre d'envergure à Rafah.



Les États-Unis - allié d'Israël -, comme une grande partie de la communauté internationale, se disent opposés à une offensive
"majeure"
dans cette ville située à la frontière égyptienne.

Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène une guerre dévastatrice contre Gaza qui a fait environ 114 000 morts et blessés, pour la plupart des enfants et des femmes, et environ 10 000 disparus dans un contexte de destruction massive et de famine qui a coûté la vie à des enfants et à des personnes âgées.


Israël poursuit la guerre malgré l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU visant à mettre fin immédiatement aux combats, et en dépit de sa comparution devant la Cour internationale de Justice pour des crimes de
"génocide". 

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