Crédit Photo : Anne-Christine POUJOULAT / AFP
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 21 octobre 2025.
Sébastien Lecornu a annoncé, ce mardi, avoir transmis une lettre rectificative au Conseil d’État pour que le report de la réforme des retraites figure dans le budget 2026 de la Sécurité sociale, officiellement toujours silencieux sur le sujet.
Par voie d'une déclaration à l’Assemblée nationale, le Premier ministre français a indiqué avoir saisi
"cette nuit le Conseil d’État d’une lettre rectificative"
. Ce document, qui devra ensuite être validé par le Haut Conseil des finances publiques et adopté en Conseil des ministres cette semaine, vise à intégrer la suspension la réforme dans la trajectoire budgétaire de la Sécurité sociale, en cas de recours aux ordonnances. Celle-ci porte progressivement l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et allonge le nombre requis de trimestres de cotisation.
Cette annonce intervient alors que l’opposition réclame des garanties formelles. La cheffe de fil des députés RN, Marine Le Pen a dénoncé une
"probabilité non négligeable"
que cette suspension
, appelant Lecornu à démontrer sa
. Même ton du côté du socialiste Boris Vallaud, qui a interpellé le gouvernement sur l’absence de base législative claire pour ce report.
Le Premier ministre s’est voulu rassurant mais imprécis :
"Le débat aura lieu quoi qu’il arrive"
, a-t-il répondu, sans détailler ni le calendrier ni le véhicule législatif à venir.
Plus tôt dans la journée, le Président français Emmanuel Macron, en déplacement à Ljubljana, a de nouveau défendu la réforme adoptée au printemps 2023. Il a confirmé qu’il ne s’agissait ni d’un abandon ni d’un gel définitif :
"Ce n’est ni l’abrogation, ni la suspension, c’est le décalage d’une échéance"
, a-t-il insisté, évoquant le report d’un an de la mesure qui devait porter l’âge légal à 63 ans et 3 mois dès le 1ᵉʳ janvier 2027.
Le chef de l’État français a souligné que ce report serait financé par des économies et a salué la volonté du Premier ministre de rouvrir un dialogue avec les syndicats et les partenaires sociaux. Il a par ailleurs laissé ouverte la possibilité d’un référendum à l’avenir, tout en précisant qu
’"encore faut-il qu’on sache sur quoi"
.
Adoptée en avril 2023 par le biais du 49.3, sans vote à l’Assemblée nationale, la réforme des retraites avait provoqué un vaste mouvement social à l’échelle nationale. Plusieurs millions de personnes avaient manifesté contre le texte, dans un climat de contestation qui avait fragilisé durablement l’exécutif.
Le retour de ce dossier sensible dans le débat parlementaire, sans échéance claire ni méthode stabilisée, laisse entière la question de savoir si ce report est un simple répit tactique ou une mise en pause durable.
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