Une page se tourne pour la France avec le départ des premiers militaires du Niger dans un convoi terrestre sous escorte locale, depuis l'ouest du pays vers une destination qui pourrait être le Tchad, selon plusieurs sources sécuritaires.
Le retrait des Français avait été exigé par les généraux nigériens rapidement après leur arrivée au pouvoir par un coup d'État fin juillet, et le président français Emmanuel Macron avait annoncé leur départ fin septembre.
Un convoi de soldats en provenance de Tabarey-Barey est arrivé à Niamey mardi midi, avec des poids lourds transportant du matériel et des blindés, a constaté un journaliste de l'AFP.
La destination finale des convois français n'a pas été officiellement communiquée.
Le régime militaire avait annoncé vendredi que le retrait des soldats français se ferait "en toute sécurité".
Trajet dangereux
Après le départ de la France du Mali, puis du Burkina Faso à partir de l'été 2022, le Niger était devenu le partenaire-clé des opérations anti-terroriste françaises, dans une région où sévissent les groupes armés affiliés à Daesh et Al-Qaïda.
Ce nouveau retrait lance aux Français un double défi logistique et sécuritaire.
Les frontières terrestres du Niger sont par ailleurs fermées avec le Bénin et le Nigeria depuis le coup d'État du 26 juillet qui a destitué le président Mohamed Bazoum, allié de la France. Et les Nigériens interdisent le survol de leur territoire par des avions français, civils et militaires, sauf dérogation.
Si les containers français sont acheminés vers le Tchad, le trajet sera long, pénible et dangereux. Ils devront en effet transiter ensuite par le port de Douala, au Cameroun, au terme d'un autre convoi compliqué, selon une source proche du dossier.
Après avoir conclu un partenariat de combat avec le Niger contre les groupes terroristes, la France avait discrètement étoffé l'enceinte de Niamey, avec des blindés et des hélicoptères, venus renforcer les cinq drones armés Reaper et au moins trois avions de chasse Mirage déjà sur place.
Autant de matériels que l'armée française n'a aucune intention de laisser à l'armée nigérienne.
Au Mali, le désengagement avait mobilisé 400 logisticiens envoyés en renfort pour le démantèlement de Gao, la plus grande emprise française du pays, et 6 000 containers.