Nations Unies: Risques de génocide en Haïti

09:187/04/2024, dimanche
MAJ: 7/04/2024, dimanche
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Crédit Photo: Fabrice COFFRINI / AFP
Crédit Photo: Fabrice COFFRINI / AFP

La république d'Haïti se trouve "exposée aux risques d'un génocide", a déclaré le représentant permanent d'Haïti auprès de l'ONU, jeudi 4 avril, lors de la 55e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies (CDH) à Genève.

"Plus nous tardons à trouver une solution, plus la population haïtienne est exposée aux risques d'un génocide",
a déclaré Justin Viard, ajoutant :

Le temps est venu d'agir avec solidarité et coopération véritable.

Le diplomate haïtien a appelé à empêcher que cette crise ne se transforme en
"une tragédie, inscrite dans les pages de l'histoire comme un échec de la communauté internationale".

"La résolution des problèmes d'Haïti va au-delà de la simple élimination des gangs armés. Toute solution durable envisagée devra s'attaquer aux racines profondes de la criminalité, reconstruire les bases économiques et sociales du pays pour permettre son développement",
a-t-il ajouté.

Et de souligner que l'insécurité et la criminalité ont permis aux bandes criminelles armées de semer la terreur dans le pays, provoquant le déplacement de près de 400 milles personnes à l'intérieur du territoire haïtien, (plus de 360 000, selon l'Agence de l'ONU pour les migrations - OIM).


"Les actes odieux, perpétrés par ces gangs armés, notamment les exactions barbares diffusées sur les réseaux sociaux et les évasions massives dans les prisons, ont plongé Haïti dans un climat de terreur",
a-t-il déploré.

Et de poursuivre :
"Les forces de l'ordre sont régulièrement attaquées, assassinées et mutilées. Les postes de police, les bâtiments publics et privés, les écoles et les universités sont incendiés. Les professionnel-e-s sont enlevés contre rançons. Les femmes et filles subissent des violences sexuelles collectives lors de leur captivité".

"Face à la barbarie des gangs armés, il est crucial de renouveler le mandat de l'expert indépendant des Nations unies chargé des droits humains en Haïti",
a recommandé le représentant permanent d'Haïti auprès de l'ONU.

Selon les Nations unies, depuis le1er janvier et jusqu'au 22 mars 2024,
"1,434 personnes ont été tuées et 797 autres blessées".

Lors de son intervention, Justin Viard a indiqué que
"près de 18 institutions de santé ne fonctionnent pas à Port-au-Prince, à cause de la violence des gangs armés".
Selon lui,
"le départ massif des talents qualifiés, à la recherche de sécurité et de meilleures perspectives, représente une menace pour les institutions haïtiennes publiques et privées".

Le représentant permanent d'Haïti auprès de l'Onu a également fait état de difficultés d'accès à la nourriture, à l'eau et à la santé, au logement et à l'éducation, suite aux récents événements violents dans le pays.

"Les droits humains sont bafoués dans un climat de violences croissantes, touchant toutes les couches de la société haïtienne",
a déploré Justin Viard.

Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a adopté, jeudi, un projet de résolution sur l'assistance technique et le renforcement des capacités visant à améliorer la situation des droits humains en Haïti.

L'adoption de ce projet de résolution, lors de la 55e session du Conseil, fait suite à la demande des autorités haïtiennes d'une action internationale coordonnée et ciblée en Haïti.


"Il est temps d'agir et de passer des discours aux actions concrètes",
a déclaré Justin Viard, appelant à une action urgente pour soulager les souffrances de la population en Haïti.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, avait évoqué, mardi, que l'ampleur des violations des droits humains est sans précédent dans l'histoire moderne d'Haïti, soulignant qu'une
"génération entière risque d'être victime de traumatismes, de violences et de privations dans ce pays insulaire des Caraïbes".

"Il s'agit de la période la plus violente depuis la mise en place, il y a deux ans, du mécanisme de surveillance des victimes de meurtres, blessures et kidnappings liées à la violences des gangs"
, avait-il affirmé devant le CDH à Genève.

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