Violence des gangs en Haïti: l'ONU s'inquiète pour les femmes enceintes

11:179/03/2024, samedi
MAJ: 9/03/2024, samedi
AFP
Des citoyens haïtiens vendent de la viande au marché de Dajabon, en République dominicaine, à la frontière avec Haïti, le 8 mars 2024.
Crédit Photo : Erickson POLANCO / AFP
Des citoyens haïtiens vendent de la viande au marché de Dajabon, en République dominicaine, à la frontière avec Haïti, le 8 mars 2024.

L'ONU s'est inquiétée vendredi du sort de 3.000 femmes enceintes dans la capitale haïtienne Port-au-Prince soumise à l'état d'urgence en raison de la recrudescence de la violence des gangs, ainsi que pour les soins aux survivantes de violences sexuelles.

"Si la paralysie de la zone métropolitaine de Port-au-Prince se poursuit au cours des prochaines semaines, près de 3.000 femmes enceintes risquent de ne pas pouvoir accéder aux soins de santé essentiels"
, ont alerté dans un communiqué commun plusieurs représentants de l'ONU en Haïti.

"Près de 450 d'entre elles pourraient souffrir de complications obstétricales potentiellement mortelles sans assistance médicale qualifiée".

"Environ 521 survivants de violences sexuelles pourraient se retrouver sans soins médicaux"
d'ici fin mars, ont-ils ajouté, alors que les gangs sont accusés d'utiliser ces violences pour installer la peur.

"Trop de femmes et de jeunes femmes en Haïti sont victimes de la violence aveugle commise par les gangs armés"
, a commenté la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le pays, Ulrika Richardson, ajoutant que les Nations Unies
"s'engagent à continuer à leur apporter l'assistance".

Les bandes criminelles, qui contrôlent la majeure partie de la capitale ainsi que les routes menant au reste du territoire, s'en prennent depuis plusieurs jours aux sites stratégiques en l'absence du Premier ministre contesté Ariel Henry, dont ils réclament la démission tout comme une partie de la population. Celui-ci est, selon les dernières nouvelles, bloqué à Porto Rico après un voyage à l'étranger.


Le gouvernement haïtien a décrété l'état d'urgence dans la capitale et le département de l'Ouest qui comprend Port-au-prince ainsi qu'un couvre-feu nocturne difficilement applicable.

Les administrations et les écoles sont fermées tandis que les bandes armées attaquent depuis plusieurs jours des infrastructures stratégiques comme les commissariats, les prisons et les tribunaux.


En raison de l'insécurité, l'aéroport ne fonctionne plus, de même que le port de la capitale, dont l'opérateur a suspendu les activités jeudi.


Le port était le théâtre vendredi de scène de pillages, a déclaré le directeur général de l'Autorité Portuaire Nationale (APN), Jocelin Vilier.

Les forces de l’ordre sont parvenues à sécuriser une partie de l’enceinte mais les pillages de conteneurs se poursuivent, a-t-il ajouté.


L'ONG Mercy Corps a alerté sur les risques pour l'approvisionnement de la population du pays le plus pauvre des Amériques.

"Avec la fermeture de l'aéroport internationale, le peu d'aide fournie actuellement à Haïti pourrait ne plus arriver"
, a déclaré l'ONG dans un communiqué jeudi. Les conteneurs maritimes
"sont pillés"
ou n'arrivent plus non plus, s'est-elle inquiétée.
"Si l'on ne peut plus accéder à ces conteneurs, Haïti aura faim bientôt".

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