Seule inconnue: le taux de participation. L'abstention avait atteint un record de 60 % lors de la présidentielle de 2019, que M. Tebboune avait remportée avec 58 % des suffrages. Ce scrutin s'était déroulé dans le contexte des manifestations prodémocratie du Hirak.
"Le président tient à une participation importante. C'est le premier enjeu. Il n'a pas oublié qu'il a été élu en 2019 avec un taux faible. Il veut être un président normal, pas un président mal élu",
souligne à l'AFP Hasni Abidi, du Centre d'études Cermam à Genève.
Alors que son mandat devait s'achever en décembre, M. Tebboune avait annoncé en mars la tenue d'une élection présidentielle anticipée le 7 septembre.
Trois candidats se disputent la direction du pays, qui compte 45 millions d'habitants, est le premier exportateur de gaz naturel d'Afrique et le plus vaste du continent.
M. Tebboune, 78 ans, est le grand favori, soutenu par quatre formations de premier plan ayant scellé une alliance, notamment l'ancien parti unique FLN (Front de libération nationale) et le mouvement islamiste El Bina, arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2019.
Le deuxième candidat, Abdelaali Hassani, un ingénieur des travaux publics de 57 ans, est le président du principal parti islamiste, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui avait refusé de participer à l'élection de 2019.
Le troisième candidat, Youssef Aouchiche, ancien journaliste et député de 41 ans, dirige depuis 2020 le Front des forces socialistes (FFS), un parti d'opposition historique, ancré en Kabylie (centre-est), qui boycottait les élections depuis 1999.
Les Algériens établis à l'étranger, soit 865 490 électeurs selon l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie), ont commencé à voter lundi. En Algérie, des bureaux itinérants sillonnent les zones éloignées pour recueillir les voix des électeurs.
Une période de silence électoral est en vigueur depuis mardi, après une campagne inhabituellement menée en plein été sous une forte canicule, réduisant encore davantage la participation aux meetings.
Les trois candidats ont centré leurs discours sur les enjeux socio-économiques, promettant d'améliorer le pouvoir d'achat et de diversifier l'économie, afin de la rendre moins dépendante des hydrocarbures (95 % des recettes en devises). En matière de politique internationale, un consensus prévaut sur le soutien aux causes palestinienne et sahraouie, défendues par tous les candidats.
M. Tebboune affirme vouloir, lors d'un second mandat, achever son projet d
estimant que son premier quinquennat a été amputé de deux ans, en raison de "la guerre contre le Covid-19 et la corruption" de son prédécesseur.
Lors d'un dernier meeting de campagne mardi à Alger, il a promis davantage d'investissements et d'emplois, pour faire de l'Algérie
"la deuxième économie d'Afrique",
derrière l'Afrique du Sud.
Ses adversaires promettent plus de libertés s'ils sont élus.
Le candidat du FFS s'est engagé à
"libérer les prisonniers d'opinion par le biais d'une amnistie et à réexaminer les lois injustes (sur le terrorisme ou les médias, ndlr)"
adoptées ces dernières années. Celui du MSP défend
"le respect des libertés réduites à néant ces dernières années",
après l'extinction du Hirak.
Selon M. Abidi,
"le président Tebboune est attendu sur le grand déficit en matière de libertés politiques et médiatiques",
ce qui a provoqué
"un divorce des Algériens avec la politique".
"Ces dernières années, l'Algérie a connu une érosion continue des droits humains. Il est alarmant de constater que la situation reste sombre à l'approche des élections",
a déploré cette semaine l'ONG Amnesty International.
Parmi les habitants, les attentes sont mitigées. Certains espèrent une amélioration du pouvoir d'achat alors que la rentrée scolaire approche, tandis que d'autres, désabusés, sont indifférents aux joutes électorales.
C'est le cas de Mohamed, 22 ans, qui n'a pas voulu révéler son nom à l'AFP:
Franchement, tout ce que je veux, c'est partir ailleurs. Dès que j'ai assez d'argent pour payer un passeur, je quitte le pays.
D'autres, notamment les plus âgés, se rendront aux urnes, comme Ali, 60 ans, un retraité qui a
.
"J'espère que la situation économique s'améliorera et que la stabilité demeurera dans le pays."
Aïcha, 30 ans, hésite encore:
"Je déciderai le jour J. Je sais qu'il faut voter, mais les politiques ne se souviennent des femmes qu'en période d'élections (...). Ensuite, on les oublie jusqu'au prochain scrutin."