ÉDITION:

Ridouane Abdourahmane : "Il faut des vraies mesures pour protéger les lieux de cultes musulmans"

20:0114/11/2023, mardi
MAJ: 14/11/2023, mardi
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POur la quatrième fois en deux ans, la mosquée a fait l'object de dégradations. Crédit photo: Mosquée de Pessac
POur la quatrième fois en deux ans, la mosquée a fait l'object de dégradations. Crédit photo: Mosquée de Pessac

En plein débat sur la marche contre l’antisémitisme du 10 novembre dernier, l’affaire est passée inaperçue. Alors que les médias et une forte proportion des responsables politiques accusent les musulmans de France d’alimenter l’antisémitisme sur fond de guerre entre Israël et le Hamas, les actes islamophobes se multiplient dans un silence total, ou pour être plus précis, demeurent inaudibles.

Un déferlement de haine se déchaine dans le paysage audiovisuel français où les musulmans sont accusés
"de potentiels terroristes car ils travaillent dans les chantiers et ont donc accès à des explosifs"
(propos sur CNews d'Arno Klarsfeld, ancien avocat).

Le leader du parti Renaissance, Eric Zemmour, ne prend même plus la peine de prendre des pincettes pour les mots qu’il utilise contre les musulmans. Il parle désormais de l’Islam comme un danger pour la République. Plusieurs acteurs politiques le suivent dans son résonnement.

Dans ce climat nauséabond, la mosquée de Pessac, située dans la périphérie de Bordeaux dans le sud-ouest de la France, a été victime de tags islamophobes pour la quatrième fois en deux ans, le 5 novembre dernier. Ces dégradations n'ont été rendues publiques que le 10 novembre.


Les dirigeants de la mosquée sont régulièrement menacés de mort. Mais, ni les médias dans leur ensemble, ni le ministre de l'Intérieur, n'ont réagi. Alors que toute la France avait élevé la voix pour dénoncer des étoiles de David taguées à Paris, une affaire qui s'est par la suite révélée être une opération menée par
"la Communauté Juive Européenne"
et financée par un homme d'affaires moldave, les médias tentent désormais de privilégier la piste russe, expliquant qu'il s'agit d'une
"opération de déstabilisation de l'Europe".

Dans un entretien accordé à l'Agence Anadolu, Ridouane Abdourahmane, président de la Mosquée de Pessac, déplore
"un manque de soutien de la part des autorités".
Il souligne surtout que
"les lieux de culte musulmans ne bénéficient pas de mesures de sécurité particulières"
, malgré les menaces de mort régulières subies par les musulmans de la région au cours des deux dernières années.

Le 5 novembre, les fidèles venus pour la prière du matin ont découvert des inscriptions telles que
"Nos cercueils ou vos valises"
et
"La France aux Français".
Pour le président du lieu de culte, cela constitue une menace explicite envers les musulmans de France, et il craint le passage à l'acte de certains extrémistes qui se sentent impunis face à l'inaction des pouvoirs publics.

Abdourahmane acquiesce désormais le
"deux poids deux mesures permanents des médias"
en France, mais n'arrive toujours pas à accepter "le traitement politique qui devient grave". Il met en garde contre la nécessité de modérer la pression exercée sur la communauté musulmane et d'éviter les amalgames systématiques qui surviennent lors d'attentats ou de phénomènes de société, visant l'ensemble des musulmans à travers des discours politiques et un traitement médiatique stigmatisants.

Il souligne que les autorités refusent d'utiliser le terme
"islamophobie"
, arguant que cela empêche la critique de l'islam.
Cependant, selon la définition officielle des Nations-Unies, l'islamophobie se caractérise par la peur, les préjugés et la haine envers les musulmans.
Les services de l'État, en refusant d'utiliser le terme adéquat, contribuent à la banalisation de l'islamophobie et prétendent que le terme approprié est
"la haine antimusulmane",
qui ne reflète pas la réalité et n'est pas l'équivalent de
"l'antisémitisme"
pour les Musulmans.

Par ailleurs, il dénonce les procès d'intention faits contre lui et rejette les accusations d'avoir relayé des discours radicaux. Il souligne que jusqu'à présent, aucune des procédures intentées n'a pu apporter la preuve de ces accusations d'intégrisme, de radicalisme et de sympathie avec le terrorisme, sans parler de l'antisémitisme.


Malgré tout, il refuse d'adopter une attitude fataliste et souhaite
"balayer devant sa porte"
plutôt que d'accuser les médias et les politiques dans la défense de la communauté musulmane.

Il appelle à une organisation du culte musulman plus apaisée, loin des polémiques inutiles et stigmatisantes, rappelant que:

La France reste un État de droit.

Cependant, il reconnaît que le changement ne peut survenir qu'avec la mise en place de véritables moyens de protection et de sécurisation des lieux de culte,
tout en soulignant que les musulmans ne représentent pas une priorité dans la politique de lutte contre l'insécurité ou le terrorisme.
Abdourahmane dénonce le privilège accordé à certains imams proches du pouvoir et espère qu'il n'y aura pas de morts avant que les autorités n'agissent.

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