Les Sénégalais devraient finalement élire leur cinquième président fin mars après une brutale accélération des événements mercredi dans la grave crise politique causée par le report de dernière minute du scrutin.
Un degré de confusion persiste cependant sur la date précise, la présidence annonçant que le 1er tour aurait lieu le 24 mars, le Conseil constitutionnel le fixant, lui, au 31 mars.
Un deuxième tour, probable en l'état actuel des candidatures, mais pour lequel aucune date n'a été communiquée, se tiendrait avant ou après le 2 avril.
Autre motif de crispation, la compétition devra mettre aux prises les 19 concurrents dont le Conseil constitutionnel a déjà validé la liste, a dit le Conseil constitutionnel dans une décision distincte.
Les sept "Sages" ont rejeté le réexamen de cette liste, préconisé au chef de l'État au terme d'un "dialogue national".
Sur leur décision, les "Sages" ont écrit:
La fixation de la date du scrutin au-delà de la durée du mandat du président de la République en exercice est contraire à la Constitution.
Le Conseil constitutionnel était saisi depuis lundi pour avis par le président Sall lui-même. Le chef de l'État lui soumettait des préconisations issues d'un "dialogue national" qu'il avait convoqué la semaine dernière pour tenter de sortir de la crise provoquée par le report de la présidentielle, l'une des plus graves traversées depuis des décennies.
L'amnistie
Le président Sall a causé un choc dans un pays présenté comme l'un des plus stables d'une Afrique de l'Ouest secouée par les coups de force en décrétant le 3 février le report de l'élection prévue le 25 février.
Le "dialogue national" était un des éléments de réponse du président Macky Sall à la crise.
L'autre était un projet de loi d'amnistie des actes liés aux violences politiques des dernières années, texte très critiqué alors qu'il est censé dissiper les tensions.
En février, le Sénégal a été en proie à de nouveaux troubles après l'annonce du report de l'élection.
Des dizaines de personnes ont été tuées depuis 2021, des centaines blessées, des centaines d'autres interpellées.
La question de l'application de l'amnistie à Ousmane Sonko et de son éventuelle remise en selle dans la course électorale agitait la classe politique. Les décisions du Conseil constitutionnel semblent écarter un retour de M. Sonko dans la compétition.
M. Sonko, troisième de la présidentielle en 2019 et candidat déclaré en 2024, est détenu depuis juillet 2023 et a été disqualifié de la présidentielle dont il était l'un des favoris.
Dernière en date d'une série d'amnisties approuvées depuis l'Indépendance, celle-ci, sans être nominative, pourrait signifier la remise en liberté de dizaines d'opposants.
Mais de nombreux acteurs politiques et sociaux se sont dressés contre le projet, s'indignant qu'aucun membre des forces de sécurité, ni aucun responsable gouvernemental n'auraient à rendre de comptes.