Soudan du Sud: les soutiens de Machar appellent à la mobilisation militaire

17:5915/09/2025, Monday
AFP
Le président sud-soudanais Salva Kiir (à droite) serre la main du premier vice-président Riek Machar lors de la cérémonie d'investiture qui s'est tenue à la State House de Juba, le 22 février 2020, au Soudan du Sud. L'opposition sud-soudanaise a appelé le 15 septembre 2025 à une mobilisation de ses partisans afin de renverser le régime, en réponse aux projets visant à traduire son leader en justice pour trahison et crimes contre l'humanité.
Crédit Photo : ALEX MCBRIDE / AFP
Le président sud-soudanais Salva Kiir (à droite) serre la main du premier vice-président Riek Machar lors de la cérémonie d'investiture qui s'est tenue à la State House de Juba, le 22 février 2020, au Soudan du Sud. L'opposition sud-soudanaise a appelé le 15 septembre 2025 à une mobilisation de ses partisans afin de renverser le régime, en réponse aux projets visant à traduire son leader en justice pour trahison et crimes contre l'humanité.

Les soutiens de l'ex-vice-président Riek Machar, inculpé jeudi pour "crimes contre l'humanité", ont appelé lundi à la mobilisation militaire en vue d'un "changement de régime" au Soudan du Sud, nouvelle menace pour la paix dans ce pays pauvre et instable.

Riek Machar a été inculpé jeudi pour
"crimes contre l'humanité"
, selon le ministère de la Justice. Il lui est reproché d'avoir participé à la coordination, avec sept co-accusés actuellement détenus, d'une attaque contre une base militaire par l'"Armée blanche", une milice accusée par le pouvoir de collaborer avec lui.

Les huit hommes sont également poursuivis pour
"meurtre"
,
"terrorisme"
et
"conspiration"
, ce que nient leurs soutiens.

L'arrestation fin mars de M. Machar, placé depuis lors en résidence surveillée, avait déjà alimenté les craintes d'un nouveau conflit, près de sept ans après la fin d'une guerre sanglante entre ses partisans et ceux du président Salva Kiir, qui avait fait quelque 400.000 morts entre 2013 et 2018.

Le vice-président a également été déchu jeudi de sa charge par décret présidentiel.


Le régime actuel est
"une dictature en devenir, (qui) sabote la paix (...) et détient le pouvoir illégalement et par la violence"
, affirment les soutiens de M. Machar dans un communiqué.

Ils appellent aussi
"tous (les) partisans, membres des ailes politique et militaire (du parti de M. Machar), les citoyens (sud-soudanais) à se présenter pour le service national afin de défendre les citoyens et le pays, et à utiliser tous les moyens disponibles pour reprendre le pays et sa souveraineté".

"Hostilités"


Cette déclaration semble rapprocher dangereusement d'un nouveau conflit le Soudan du Sud, pays parmi les plus pauvres au monde, devenu indépendant du Soudan en 2011.


Postée sur X par le secrétaire de Riek Machar, Puok Both Baluang, elle est signée du SPLM-IO, le parti de l'ancien vice-président, dont le leadership a été confisqué en avril par des partisans d'un rapprochement avec l'exécutif de Salva Kiir. Une division orchestrée par le pouvoir, selon les proches de Mr Machar, qui nient toute légitimité à la nouvelle direction.

L'exécutif de Salva Kiir
"mène une guerre contre nous",
a réagi le porte-parole de la faction pro-Machar du SPLM-IO, Pal Mai Deng, dans un message à l'AFP.

"La question des hostilités et de l'effondrement de l'accord de paix est de la responsabilité"
des pro-Kiir, a-t-il poursuivi.

Le fait que Riek Machar soit
"forcé d'apparaître devant un tribunal bidon et son inculpation est une indication claire que le SPLM-IG (le parti de Salva Kiir) a choisi l'instabilité plutôt que la paix",
a encore commenté Pal Mai Deng.

Un accord de paix a mis un terme au bain de sang en 2018, actant un partage du pouvoir entre les deux protagonistes.


Déclaration "politique"


Le 3 mars, une attaque commise par l'"Armée blanche" a tué
"plus de 250 soldats"
, ainsi qu'un major général sud-soudanais et un pilote onusien, à Nasir (nord-est) selon le ministère de la Justice. Des accusations
"montées de toutes pièces",
avaient mis en garde vendredi les soutiens de M. Machar.

Interrogé vendredi par l'AFP, le ministre de l'Information sud-soudanais Michael Makuei avait toutefois estimé qu'il n'y avait
"aucune crainte à avoir"
.
"Il n'y a pas de guerre civile maintenant. Pourquoi s'inquiéterait-on ?"
, avait-il encore affirmé.

Le ministre de l'Information n'était pas disponible lundi pour un nouvel entretien avec l'AFP.


La déclaration des pro-Machar est
"plutôt politique"
, car
"ses forces étaient déjà mobilisées, même si leurs capacités (militaires, NDLR) ne sont pas vraiment au diapason"
mais elle constitue une
"alerte rouge"
pour la paix, a déclaré à l'AFP Daniel Akech, chercheur de l'International crisis group.

L'attaque de Nasir a été suivie par plusieurs semaines tendues dans le pays, marquées par des frappes dans le nord-est et des tirs d'artillerie près de la capitale. Des combats isolés ont plus récemment eu lieu dans le sud.

L'ONU estime qu'environ 900 personnes sont mortes entre janvier et mi-avril du fait des soubresauts politiques.


Dans une déclaration transmise à l'AFP, la Mission onusienne au Soudan du Sud a appelé
"les parties à travailler ensemble pour résoudre les blocages politiques, réduire la violence et se réengager pleinement dans la mise en oeuvre complète"
de l'accord de 2018.

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