
Dans une interview exclusive accordée à l’agence Anadolu, David Adler, représentant de Progressive International, accuse le gouvernement Macron de duplicité. Selon lui, la France prône publiquement la paix et la reconnaissance de l’État palestinien, tout en soutenant indirectement l’effort militaire israélien via ses ports et ses aéroports.
Un rapport, cosigné par neuf ONG et présenté le 10 juin à l’Assemblée nationale, appuie ces accusations. Il révèle qu’entre octobre 2023 et mai 2025, plus de 15 millions de pièces de matériel militaire ont été exportées de France vers Israël, pour une valeur estimée à plus de 9 millions d’euros. Certaines de ces livraisons concerneraient des composants destinés à des avions de chasse F-35, utilisés de façon offensive à Gaza.
Un commerce sous autorisation directe du gouvernement
Le député Bastien Lachaud (LFI) rappelle que toute exportation d’armement nécessite une validation politique, via la Commission interministérielle CIEEMG, présidée par le Secrétariat général de la Défense. En clair, rien ne peut être exporté sans feu vert du gouvernement.
En effet, la France est signataire du Traité sur le commerce des armes, qui interdit toute livraison à un pays suspecté de crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou génocide. Or, la Cour internationale de justice a évoqué un risque plausible de génocide à Gaza.
Vers une commission d’enquête parlementaire ?
La députée Sophia Chikirou (LFI) annonce vouloir porter l’affaire sur le plan institutionnel, à la suite d’informations transmises par Progressive International:
Le rapport s’appuie sur des données issues des douanes israéliennes, de documents logistiques et de vols commerciaux (FedEx, ASL Airlines), voire militaires français, qui auraient transporté ces équipements. Les auteurs réclament un embargo immédiat sur les exportations d’armes françaises vers Israël.
Un contexte humanitaire catastrophique
Depuis la reprise des attaques israéliennes le 18 mars 2025, près de 5 000 Palestiniens ont été tués, portant le bilan total à plus de 55 000 morts à Gaza depuis octobre 2023. La majorité des victimes sont des civils, femmes et enfants en tête. Malgré les appels à un cessez-le-feu, les bombardements se poursuivent, aggravant une situation humanitaire déjà désastreuse.
Israël bloque l’entrée de l’aide humanitaire depuis le 2 mars, ne laissant passer que de rares convois. Plusieurs ONG, comme Médecins du Monde, Oxfam ou le Norwegian Refugee Council, parlent d’un effondrement total de l’aide et dénoncent l’un des pires désastres humanitaires de notre époque.