Après son homologue catholique, l'Église protestante allemande est à son tour mise en cause pour des violences sexuelles sur mineurs, avec la publication jeudi d'un rapport estimant à plus de 9.300 le nombre de victimes potentielles.
Selon l'estimation de chercheurs qui ont produit cette étude de plus de 800 pages sur le sujet, jusqu'à 9.355 mineurs pourraient avoir été victimes d'actes délictuels et criminels.
Le rapport coordonné par l'université de Hanovre et établi par sept instituts allemands décompte 2.225 cas de violences sexuelles documentées, commis par 1.259 membres de cette Église en Allemagne entre 1946 et 2020.
Selon l'estimation établie par Harald Dressing, chercheur à l'institut central pour la santé mentale de Mannheim (ZI), le nombre d'auteurs potentiels pourrait s'établir à 3.500.
Erosion des fidèles
Selon M. Dressing, l'Église protestante allemande fait moins bien dans l'étude des cas de crimes sexuels que sa cousine catholique, qui a pourtant elle même été très critiquée.
Lors de la conférence de presse de présentation, pointant du doigt le manque de documents fournis pour l'étude, M. Dressing a affirmé:
Quand on compare les deux, l'Église protestante fait moins bien.
Dans l'Église catholique allemande, une enquête universitaire, publiée en 2018, avait dévoilé que 3.677 enfants avaient subi des violences sexuelles perpétrées par des membres du clergé entre 1946 et 2014.
Comme pour l'Église protestante, le nombre réel des victimes est jugé plus élevé, les auteurs du rapport n'ayant pas eu accès à toutes les archives de l'institution.
À la suite de ces révélations, l'Église catholique allemande a commencé à verser des indemnités aux victimes: leur plafond a d'ailleurs été relevé en 2020 pour atteindre 50.000 euros par victime, contre environ 5.000 euros auparavant, mais les associations estiment que cette somme est encore insuffisante.
Rien que l'année dernière, environ 28 millions d'euros de paiements ont été approuvés.
Comme l'Église catholique, l'Église protestante est confrontées depuis des années à une érosion du nombre de fidèles.