Crédit Photo : FRANCK FIFE / AFP
Une photo prise le 14 septembre 2017 montre les anneaux olympiques sur l'esplanade du Trocadéro près de la Tour Eiffel à Paris, après que le Comité International Olympique a désigné Paris comme ville hôte des Jeux Olympiques d'été de 2024.
L'ambition est tout autant politique que sportive: la France veut finir dans le Top 5 des nations pour réussir ses Jeux olympiques à domicile, un objectif martelé depuis des mois et devenu plus réaliste notamment en raison de l'absence de la Russie.
Le cap a été tracé il y a deux ans et demi, lorsqu'Emmanuel Macron avait reçu les médaillés français au retour des JO de Tokyo à l'Elysée. Il avait été clair: les résultats de Tokyo (8e, 33 médailles dont 10 en or) n'étaient pas ceux
et la France devait se fixer l'objectif pour 2024 d'
"intégrer durablement le top 5"
de ce classement établi avec les titres olympiques.
"C'est assez logique, il fallait fixer un objectif fort pour les premiers JO à Paris depuis un siècle. Et il est réaliste"
, estime un cadre du mouvement olympique français. En moyenne, les pays organisateurs des JO bénéficient d'une inflation de médailles de l'ordre de 40%, un coefficient multiplicateur compris entre 1,5 et 2,2 pour celles en or, selon le ministère des Sports.
"Il ne faudrait pas que la France échappe à cette réalité"
, estime ce cadre.
La France a déjà intégré le Top 5, aux JO d'Atlanta en 1996 (15 titres, 37 médailles), et a atteint son record de médailles à Pékin en 2008 (43). Pour entrer dans le Top 5 à Tokyo, il fallait obtenir 20 médailles d'or. A cette place à Tokyo, la Russie, en réalité le comité olympique russe (ROC) car la Russie était sous bannière neutre, sanctionnée pour dopage.
Ce total de 20 titres n'a jamais été atteint depuis l'après-guerre par la France.
Aux JO de Paris, la Russie ne pourra pas concourir en tant que nation a décidé le Comité international olympique (CIO), en raison de la guerre en Ukraine. Seuls des sportifs russes sous bannière neutre, à titre individuel, et n'ayant pas soutenu la guerre, seront autorisés à venir.
"L'absence de la Russie est évidemment un facteur qui facilite la tâche pour la France, cela fait gagner une place et rend encore plus accessible ce Top 5. Mais attention, il y a encore des clients"
, analyse le même cadre du mouvement olympique.
Cet objectif est mis en musique par le patron de la haute performance à l'Agence nationale du sport (ANS), l'ex-sélectionneur de handball à succès Claude Onesta, deux fois champion olympique avec les Bleus.
Souvent décrit comme une personnalité au caractère trempé, parfois trop selon ses détracteurs, il a tenté d'opérer un virage radical dans la stratégie pour le haut niveau, avec notamment un programme baptisé "Ambition Bleue" conditionnant les aides financières des fédérations et des athlètes à leur réussite sportive.
Cette nouvelle méthode a assez logiquement fait grincer quelques dents.
"Oui, mais il fallait aussi sortir du ronron dans lequel se complaisaient nombre de fédérations"
, avait expliqué à l'AFP il y a plusieurs mois un ancien membre du cabinet du ministère des Sports.
L'idée est de placer les athlètes "médaillables" dans les meilleures conditions, en faisant venir les meilleurs coachs, y compris étrangers, et en leur garantissant une rémunération minimum de 40.000 euros brut par an.
Pour l'instant, cette nouvelle politique ne semble pas porter ses fruits, avec des résultats sportifs en demi-teinte à l'été 2023.
Mais les projections à la fois de l'ANS et du cabinet Nielsen-Gracenote de fin 2023 se montrent plus optimistes puisque toutes deux envoient la France dans le Top 5, oscillant entre 50-60 médailles, avec un nombre de titres compris entre 17 et 27.
Début 2023, Claude Onesta, avait assuré avoir identifié plus d'une centaine de médailles et 31 titres possibles pour les Bleus, et il a promis fin 2023
"des résultats exceptionnels".
Jusqu'ici, la France a souvent péché avec un taux de conversion entre les médailles mondiales et les médailles olympiques de seulement 0,49 à Tokyo, contre quasiment 1 pour les Chinois et les Britanniques.
Pour améliorer cela, les Bleus ont leur arme secrète: le dispositif "Gagner en France", dirigé par l'ancien gymnaste Yann Cucherat, qui peaufine tous les détails: conditions de logement, d'entraînement, accueil des proches pendant les JO, etc.
"Franchement, on s'est donné les moyens de réussir. On verra à la fin des JO si cela aura été suffisant. je suis assez confiant, il faut l'être"
, estime Ludovic Royé, président de l'association des Directeurs techniques nationaux (ASDTN).
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