Crédit Vidéo : Ulrich Yasser / Nouvelle Aube
Les pays de la CEDEAO, le Bénin notamment, qui avaient fermé leurs frontières avec le Niger les ont rouvertes juste après le sommet extraordinaire de l’organisation le 24 février 2024. Une réouverture qui ne fait pas l'unanimité auprès des Nigériens.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a enfin abandonné la plupart des sanctions imposées au Niger après le coup d’Etat du 26 juillet 2023. Les chefs d’Etats de l’organisation communautaire ont pris cette décision à l’issue de leur sommet extraordinaire du 24 février. Aussitôt après, l’institution régionale a rouvert ses frontières avec Niamey et pourtant dans la capitale nigérienne ce n’est pas l’explosion de joie. Bien au contraire.
Les pays de la CEDEAO, le Bénin notamment, qui avaient fermé leurs frontières avec le Niger les ont rouvertes juste après le sommet extraordinaire de l’organisation.
Le Niger étant un pays enclavé qui n’a pas accès à la mer, l’essentiel de ses produits de consommation lui parvenait via le port de Cotonou. Alors, chez les chauffeurs routiers qui approvisionnent le pays avec leurs camions, la décision des présidents de la CEDEAO est accueillie avec un grand soulagement.
Chamssoudine Wahabou qui est sur les routes depuis plus de cinq ans, salue la décision. Depuis la fermeture des frontières en juillet 2023, comme tous ses collègues, c’est désormais au port de Lomé qu’il va charger les marchandises destinées au Niger.
"La voie de Dori, nous fatigue trop"
, dit-il évoquant l’insécurité qui règne dans certaines zones qu’il doit traverser au Burkina Faso avant de rejoindre le Niger, en venant du Togo.
"En venant même, les terroristes ont brulé des camions, des chauffeurs sont décédés. Nous-mêmes, nous sommes découragés. Le Bénin, c’est un peu bon. Là-bas, il n’y a pas de souci, on passe là-bas sans problème"
, explique le chauffeur routier rencontré sur un parc de camions à Niamey.
Issa Wassiou, un autre conducteur de camion de marchandises, ajoute que ce serait encore mieux, si les frontières étaient immédiatement ouvertes après la décision de la CEDEAO. Il le dit parce que même si le Bénin et le Nigéria ont promptement appliqué l’annonce, le Niger refuse toujours de relancer les liaisons routières avec ces deux pays voisins. Une position que beaucoup partagent à Niamey.
Souleymane Paraïson, un importateur de voitures d’occasion soutient fermement que le Niger n’a aucun intérêt à renouer ses relations commerciales avec le Bénin dont le port était très utilisé par les Nigériens. Même M. Paraïso s’en servait pour recevoir des voitures.
"Nous n’avons pas de problème avec les béninois qui sont nos frères, nous avons plutôt des problèmes avec Patrice Talon"
, précise l'importateur qui se rappelle que le président béninois compte parmi les tenants de la ligne dure contre le Niger après le coup d’Etat de juillet 2023.
Comme lui, le transitaire Habibou Gado estime que le Niger n’a plus aucun intérêt avec la CEDEAO. Le secrétaire général du Syndicat National des Agents de Transit rappelle que son pays a quitté la Cedeao et est désormais membre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qu’il a mise sur pied avec le Burkina et le Mali.
"Ils se sont réunis pour dire qu’ils ont levé leurs sanctions. Nous avons une institution qui est l’AES, nous ne sommes plus dans la Cedeao. Alors là, les sanctions de la Cedeao ou la levée des sanctions de la CEDEAO ne regarde que la Cedeao et ses membres"
, commente M. Gado.
Finalement dans les rues de Niamey, ils ne sont pas nombreux ceux qui saluent la levée d’une bonne partie des sanctions que la CEDEAO a imposées au Niger après le coup d’Etat du 26 juillet contre Mohamed Bazoum. Pour le moment, le président Abdourahamane Tiani garde toujours fermées les frontières nigériennes avec ses voisins du Bénin et du Nigéria.