Myriam Palomba: “En France, il n’y a plus de liberté d’expression”

David Bizet
14:2031/12/2025, mercredi
MAJ: 31/12/2025, mercredi
Yeni Şafak

Dans un entretien exclusif accordé à Nouvelle Aube, la journaliste Myriam Palomba dévoile les coulisses sombres de la liberté de la presse en France. Après avoir critiqué Brigitte Macron sur le plateau de TPMP, elle s'est vue interdire l'accès aux médias du groupe Bolloré suite à un coup de téléphone du cabinet présidentiel. Aujourd'hui, cette professionnelle aux 25 ans de carrière se voit même refuser sa carte de presse pour des raisons qu'elle qualifie de politiques. Un témoignage glaçant sur l'état de la démocratie médiatique française.

La chute d'une journaliste après une "petite phrase" sur Brigitte Macron


Tout a basculé pour
Myriam Palomba
lors d'une chronique télévisée. Face à une interview de
Brigitte Macron
dans Paris Match, où la Première dame évoquait sa relation avec Emmanuel Macron débutée lorsqu'il était son élève adolescent, la journaliste a refusé de participer au consensus ambiant.

"Vous êtes dans le monde des Bisounours ou quoi ? Une professeure de 39 ans qui sort avec son élève de 15 ou 14 ans, c'est juste pénalement condamnable"
, déclare-t-elle sur le plateau, rappelant les circonstances aggravantes liées à l'ascendant professoral.

Cette prise de position lui coûtera cher. "C
oup de fil du cabinet de Brigitte Macron à Bolloré et interdiction de passer sur TPMP, interdiction de passer sur toutes les chaînes du groupe Bolloré et même de travailler dans le groupe de presse de M. Bolloré"
, raconte-t-elle.

Un blacklistage systématique du monde médiatique


Les critiques formulées par
Myriam Palomba
ne se sont pas limitées à cet épisode. Durant la pandémie de Covid-19, elle a également remis en question la politique sanitaire du gouvernement Macron. Ces prises de position successives ont fait d'elle, selon ses propres mots,
"une paria dans la presse et dans le monde médiatique français".

La sanction est tombée comme un couperet:
"Aujourd'hui, je suis condamnée à la mort sociale et professionnelle"
, confie la journaliste. Plus aucun média traditionnel ne souhaite collaborer avec elle, la contraignant à créer sa propre structure pour tenter de survivre professionnellement.

Un refus "politique" de carte de presse


L'année 2025 marque un tournant dramatique dans la carrière de
Myriam Palomba
. Pour la première fois en 25 ans d'exercice du métier, sa carte de presse lui est refusée. La raison invoquée officiellement ? Elle serait
"patronne de sa propre boîte"
et ne serait
"subordonnée à personne"
.

Un argument qu'elle juge fallacieux:
"Ils la donnent aux auto-entrepreneurs"
, souligne-t-elle. La journaliste affirme avoir reçu un coup de fil d'un membre de la commission lui confirmant que
"la décision était politique"
. Une situation kafkaïenne: alors que la commission reconnaît son activité journalistique sur deux pages de courrier, elle lui refuse néanmoins sa carte professionnelle.

"J'ai créé ma propre boîte parce que plus personne ne voulait me faire travailler au sein d'une rédaction. Donc je crée ma propre boîte, j'essaye de m'en sortir, de bosser comme je peux, et finalement je suis condamnée parce que j'ai ma propre boîte"
, dénonce-t-elle avec amertume.

Une censure qui s'aggrave depuis 2017


Selon
Myriam Palomba
, si la censure a toujours existé en France, elle connaît une accélération sans précédent depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017.
"C'est pire que tout"
, affirme-t-elle catégoriquement.

La journaliste évoque même des menaces reçues et une campagne de diffamation orchestrée contre elle.
"Ces gens-là m'ont complètement diffamée et m'empêchent aujourd'hui de travailler. C'est-à-dire qu'aujourd'hui je n'ai plus aucun revenu"
, témoigne-t-elle.

Le phénomène dépasse son cas personnel. Durant la pandémie, alors qu'elle dirigeait une équipe de 60 journalistes,
Myriam Palomba
a constaté une autocensure généralisée:
"Les gens s'autocensuraient, même pas peur de se faire virer."

La dépendance aux subventions: un frein à la liberté d'expression


Pour la journaliste, la racine du problème réside dans la dépendance financière des médias français vis-à-vis de l'État.
"les médias vivent tellement grâce aux subventions de la France et de l'Union européenne que plus personne ne critique"
, analyse-t-elle.

Cette situation crée un système où la conformité devient la norme:
"Aujourd'hui, si vous ne servez pas le narratif de l'État, vous ne faites plus partie du métier. Il n'y a plus de liberté d'expression."

Même
Cyril Hanouna
, figure emblématique de la contestation médiatique, lui aurait avoué lors de la préparation de l'émission "Tout beau, tout neuf" qu'elle ne pouvait
"pas faire carrière dans ce métier"
car elle n'était
"pas assez dans le moule"
et
"trop rebelle".

Le service public français compromis ?


Myriam Palomba
évoque également le cas de France Télévisions, sujet d'une commission d'enquête parlementaire qui aurait révélé des dysfonctionnements majeurs : déficit important, dépenses somptuaires en cocktails même pendant le confinement, absence de pluralité d'opinion.

"On a même découvert que des journalistes qui sont des éditorialistes sur des grandes émissions du service public complotent pour mal parler de telle ou telle politique"
, révèle-t-elle. Pourtant, cette commission d'enquête
"vient d'être stoppée"
, selon ses dires.

Le lien entre le service public et l'Exécutif serait direct:
"Emmanuel Macron, le service public est à sa botte puisque c'est lui qui nomme les patrons de France Télévisions."

L'illusion du pluralisme médiatique


La journaliste dénonce ce qu'elle appelle
"l'opposition contrôlée"
dans le paysage médiatique français. Contrairement à l'image d'antisystème véhiculée, Vincent Bolloré ferait partie intégrante du système de pouvoir.

"O
n dit oui, Bolloré, c'est l'antisystème. C'est pas vraiment l'antisystème. En fait, il fait partie du système"
, affirme-t-elle. Son rôle serait de
"donner l'impression qu'il y a d'autres façons de penser"
tout en canalisant les mécontentements vers des cibles spécifiques.

"M. Bolloré, il est reçu à l'Élysée, au même titre que M. Xavier Niel qui détient beaucoup de médias en France, au même titre que Bernard Arnault"
, souligne
Myriam Palomba
. Selon elle, tous ces magnats des médias
"jouent dans la même cour, c'est-à-dire la cour d'Emmanuel Macron".

La stratégie du diviser pour régner


Pour la journaliste, le but de cette configuration médiatique est clair:
"monter les Français, quelle que soit leur couleur de peau ou leur religion, les uns contre les autres. Parce que pendant qu'on se tape sur la gueule parce qu'on est soit juif, soit musulman, soit je sais pas quoi, et bien en attendant ils font tout ce qu'ils veulent et ils bouffent gravement sur notre dos."

Elle cite l'exemple de la polémique sur l'abaya à l'école, lancée par Gabriel Attal alors Premier ministre, au moment même où Emmanuel Macron recevait une délégation juive pour célébrer Hanoukka à l'Élysée.
"Si c'est pas une provocation, je ne sais pas ce que c'est"
, s'indigne-t-elle.

Une liberté d'expression relative selon les plateformes


Paradoxalement,
Myriam Palomba
trouve aujourd'hui une tribune sur i24News, chaîne d'information israélienne, où elle peut exprimer des positions critiques envers la politique de Benyamin Netanyahou, notamment concernant la colonisation en Palestine occupée (Cisjordanie).

"J'avais tout le plateau contre moi parce que j'ai critiqué le fait qu'on continue qu'on augmente les colonies en Cisjordanie alors qu'on est censé entamer la phase 2 du plan de paix de Donald Trump. Et bien ça, j'ai pu le dire sur i24News qui est quand même une chaîne juive, je pourrais pas le dire sur CNews"
, témoigne-t-elle.

Appel au réveil citoyen


Face à cette situation, la journaliste exprime son inquiétude pour l'avenir démocratique de la France.
"J'espère qu'on va vite changer de président parce que j'ai l'impression qu'on ne va pas s'en sortir"
, confie-t-elle.

Elle pointe également la responsabilité des citoyens:
"Le problème, c'est qu'on a un peuple français qui est complètement endormi et comme la plupart des médias sont à la botte du gouvernement français..."

Son témoignage soulève des questions fondamentales sur l'état de la démocratie en France, la liberté de la presse et le rôle des médias dans une société démocratique.

Elle illustre les pressions que peuvent subir les journalistes qui sortent des lignes éditoriales dominantes et interroge sur les mécanismes de contrôle de l'information dans le pays des droits de l'homme.


Myriam Palomba
conclut avec une certitude:
"En France, il n'y a plus de liberté d'expression. C'est un mythe total."
Un constat alarmant de la part d'une professionnelle qui, après 25 ans de carrière, se retrouve exclue du monde médiatique pour avoir exercé son métier en conscience.

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