Pourquoi la relation Trump-Netanyahu n’atteint-elle pas le point de rupture ?

10:0119/09/2025, vendredi
Kadir Üstün

Arrivé à la présidence avec la promesse d’instaurer la paix au Moyen-Orient, Trump ne parvient pas à s’opposer aux politiques de Netanyahu, faites de génocide à Gaza et d’élargissement de la guerre régionale. Trump tente de marcher sur un fil entre sa politique de soutien à Israël et le souci d’éviter d’entraîner l’Amérique dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient. En attaquant la délégation du Hamas au Qatar, Netanyahu a montré à la fois qu’il n’avait aucune intention de faire la paix et qu’il

Arrivé à la présidence avec la promesse d’instaurer la paix au Moyen-Orient, Trump ne parvient pas à s’opposer aux politiques de Netanyahu, faites de génocide à Gaza et d’élargissement de la guerre régionale. Trump tente de marcher sur un fil entre sa politique de soutien à Israël et le souci d’éviter d’entraîner l’Amérique dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient.


En attaquant la délégation du Hamas au Qatar, Netanyahu a montré à la fois qu’il n’avait aucune intention de faire la paix et qu’il n’hésiterait pas à s’en prendre à l’un des alliés les plus critiques des États-Unis dans la région. Le fait que Washington n’ait exprimé aucune réaction sérieuse, au-delà d’un simple
“mécontentement”,
peut être considéré comme un succès pour Netanyahu.

L’hésitation de Trump entre diplomatie de la paix et posture
“d’homme fort”
joue en faveur du Premier ministre israélien. Dire que Trump se montre impuissant face aux politiques de Netanyahu ne suffit pas : ce sont les dynamiques qui empêchent la relation d’atteindre le point de rupture qui jouent un rôle plus décisif.

Après l’attaque d’Israël contre la direction du Hamas au Qatar, la presse a rapporté une conversation téléphonique tendue entre Trump et Netanyahu. Mais Trump n’a pas publiquement critiqué Israël. Il a affirmé n’avoir été informé de l’opération qu’à la dernière minute, alors que des sources israéliennes ont laissé entendre que Netanyahu l’avait informé à l’avance et qu’il n’avait pas dit
“non”.

Certains estiment que si l’opération avait réussi, Trump n’aurait pas hésité à la revendiquer.
Le fait que Trump se soit abstenu de critiquer Israël, malgré la réaction du Qatar et du monde arabe, peut aussi s’expliquer, au moins en partie, par la convergence idéologique :
rhétorique nationaliste, valorisation du “leadership fort”, approche dure de la lutte contre le terrorisme.

À cela s’ajoute le socle de confiance établi entre Trump et Netanyahu à l’époque où le premier avait reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et joué un rôle central dans les Accords d’Abraham. Les récentes discussions à la Maison Blanche autour des plans de reconstruction de Gaza montrent également que Jared Kushner continue d’avoir un rôle clé.


Enfin, alors que le soutien à Israël s’effondre chez les démocrates, il reste supérieur à 70 % chez les républicains — un paramètre que Trump prend en compte. Le refus de Trump de critiquer publiquement Israël et le fait que la tension autour du Qatar n’ait pas conduit à une rupture s’expliquent par cette combinaison : affinités idéologiques, partenariat stratégique et intérêts politiques convergents.


Dire
“stop”
à Netanyahu est-il possible ? Le fait que la relation repose sur un socle solide ne veut pas dire que ce socle est indestructible.
L’attaque contre le Qatar fut un test, mais ce test a été affaibli par la réaction relativement faible du monde arabe.

Que Doha rompe avec le parapluie sécuritaire américain et s’éloigne de l’industrie de défense aurait un coût élevé ; mais il est difficile d’imaginer que le Qatar ait l’appétit ou la force d’entrer dans un tel affrontement. Les efforts de Washington pour calmer Doha, menés par le secrétaire d’État Rubio qui s’est rendu en Israël, montrent aussi leur volonté de maintenir la relation forte.
L’administration Trump poursuit donc sa politique : apaiser les alliés, continuer de soutenir Israël.

L’épisode qui a le plus éprouvé la relation fut quand Israël a poussé Washington à frapper les installations nucléaires de Fordow en Iran. Netanyahu avait profité du délai de deux mois donné par Trump à l’Iran pour déclarer au nom des États-Unis que les négociations n’avaient plus de sens. Forçant Trump à assumer le rôle du leader
“fort”
qui ne craint pas d’user de la force, Netanyahu avait réussi à obtenir une frappe américaine contre Fordow. Trump, profondément mal à l’aise de voir l’Amérique au bord d’une guerre totale avec l’Iran, s’était abstenu de prolonger l’opération, sachant que les installations n’avaient pas été totalement détruites. Incapable de dire non à Netanyahu, il avait limité l’opération pour éviter une guerre ouverte.

Le coût de cette guerre larvée avec l’Iran pour Trump fut la montée des critiques contre Israël jusque dans son propre camp. Même l’attentat contre la figure d’extrême droite Kirk fut interprété par certains comme lié à ses positions critiques vis-à-vis d’Israël.


Les théories du complot se sont multipliées. Lorsque l’hostilité à Israël dans les rangs trumpistes a atteint un niveau non négligeable, Trump a fini par déclarer que le soutien à Israël n’était plus aussi solide qu’avant. La question critique est désormais la suivante :
sera-t-il, lors d’un second mandat, un président qui, comme Biden, offre un soutien inconditionnel à Netanyahu, ou bien un leader capable de lui dire “stop” ?

Le socle commun entre les deux hommes reste fort, mais il est fragilisé. Tout dépendra du coût politique que Netanyahu fera peser sur Trump.
N’oublions pas que Netanyahu demeure un maître expérimenté dans l’art de manipuler les équations politiques américaines.
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