
Le procès du groupe français Lafarge, accusé d’avoir financé des organisations terroristes en Syrie, s’est ouvert cette semaine à Paris dans un climat particulièrement tendu.
L’entreprise, aujourd’hui rachetée par le suisse Holcim, est poursuivie pour financement du terrorisme et mise en danger de la vie d’autrui, des faits commis entre 2013 et 2014 alors que la guerre faisait rage dans le nord du pays.
Derrière ces arguments juridiques, les associations parties civiles — Sherpa et ECCHR notamment — dénoncent une stratégie d’obstruction destinée à retarder le procès. Elles rappellent que le groupe Lafarge a bel et bien versé plusieurs millions d’euros à des groupes armés, dont Daech et Jabhat al-Nosra, pour maintenir l’activité de sa cimenterie de Jalabiya, dans le nord de la Syrie.
Ankara, qui mène régulièrement des opérations militaires dans le nord de la Syrie, a souvent accusé certaines entreprises étrangères de soutenir indirectement des organisations considérées comme terroristes. Selon les autorités turques, ces réseaux logistiques contribueraient à renforcer la présence du PKK et de ses branches locales dans la région. Aucune réaction officielle française n’a pour l’heure été publiée.
Parmi les prévenus figurent l’ancien PDG Bruno Lafont, cinq ex-cadres de la chaîne opérationnelle et deux intermédiaires syriens. L’un d’eux, visé par un mandat d’arrêt international, est absent du procès.
Ce procès, qui s’annonce long et complexe, est perçu comme un test majeur pour la justice française, susceptible d’établir une jurisprudence sur la responsabilité pénale des multinationales opérant dans des zones de guerre. L’affaire dépasse le cadre économique : elle interroge la frontière entre intérêts industriels et compromission avec le terrorisme.









