Pneus mortels: vers une inculpation de Goodyear par un juge français

12:1113/05/2025, mardi
AFP
Goodyear, soupçonné d'avoir dissimulé les défauts de certains de ses pneus ayant entraîné des accidents mortels, est convoqué devant un juge d'instruction à Besançon le 13 mai 2025.
Crédit Photo : Martin BUREAU / AFP
Goodyear, soupçonné d'avoir dissimulé les défauts de certains de ses pneus ayant entraîné des accidents mortels, est convoqué devant un juge d'instruction à Besançon le 13 mai 2025.

Le géant américain des pneumatiques Goodyear, soupçonné d’avoir dissimulé des défauts sur certains de ses pneus à l’origine d’accidents mortels en France, est convoqué cette semaine par un juge d’instruction à Besançon (nord-est), en vue d’une éventuelle inculpation.

Les représentants légaux de deux entités de la multinationale — la SAS Goodyear France, qui distribue les pneumatiques, et la SAS Goodyear Operations, responsable de leur fabrication depuis son siège luxembourgeois — doivent être entendus mardi et mercredi par le juge d’instruction Marc Monnier, selon une source proche du dossier.


Le magistrat pourrait les inculper pour
"homicides involontaires"
,
"tromperie sur les qualités substantielles d’une marchandise"
et
"pratiques commerciales trompeuses",
comme l’avait indiqué en avril le procureur de Besançon, Étienne Manteaux.

Ce dernier a rappelé que ces infractions exposent Goodyear à une amende pouvant atteindre jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial. Il a également précisé que des incidents similaires ont été signalés dans d’autres pays européens.

L’enquête concerne trois collisions mortelles survenues en 2014 et 2016 dans la Somme, le Doubs et les Yvelines, impliquant des poids lourds équipés de pneus Goodyear. Ces accidents ont coûté la vie à quatre personnes. Les investigations, appuyées par plusieurs expertises, ont conclu que l’éclatement du pneu avant gauche des camions était dû à un défaut de fabrication, et non à une cause extérieure.


Les pneus concernés sont les modèles Marathon LHS II et LHS II+. Les autorités reprochent à Goodyear d’avoir eu connaissance de ces défauts dès 2013, sans avoir engagé de rappel obligatoire. À la place, l’entreprise aurait opté pour un
"programme volontaire d’échange"
, ayant permis de récupérer seulement la moitié des produits concernés.

Certains de ces pneus seraient encore disponibles à la vente sur des plateformes de seconde main en Europe de l’Est, a signalé le procureur.


L’enquête a débuté en 2016, après le dépôt de plainte de la veuve d’un chauffeur routier décédé dans un accident en juillet 2014. Refusant la fatalité, elle avait mené ses propres recherches sur internet, ce qui a permis de relancer l’affaire.


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