
Rester numéro un sans froisser Washington: Taïwan doit résoudre une équation complexe pour dominer le marché des semi-conducteurs tout en se protégeant d'éventuels droits de douane américains sur son secteur, qualifié de "bouclier" économique et diplomatique par les experts.
Depuis sa prise de fonction en janvier, le président américain Donald Trump menace de taxes les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis pour les pousser à y déménager leur production et réduire le déficit commercial national.
Or, Taïwan produit la majorité des puces du monde et près de toutes celles les plus avancées, s'imposant comme un maillon essentiel des chaînes d'approvisionnement de la planète.
Le président taïwanais Lai Ching-te a, de son côté, promis de renforcer les investissements aux Etats-Unis pour réduire le déséquilibre commercial, et de dépenser davantage pour l'armée. Son gouvernement réfléchit également à accroître les importations de gaz naturel américain.
"Situation très risquée"
Ces derniers mois, le géant taïwanais des semi-conducteurs TSMC a engagé une délocalisation de sa production hors de Taïwan. Trois usines sont prévues en Arizona, dont une qui a déjà débuté la production fin 2024.
Néanmoins, certains analystes craignent que Taïwan ne perde son "bouclier de silicium" si trop d'usines étaient construites hors de l'archipel.
C'est dans l'intérêt de (Taïwan) de déplacer une partie de sa production (aux Etats-Unis), mais pas de tout céder, parce que s'il cède tout, alors il perdra son importance.
Risque de "récession"
Le gouvernement taïwanais évalue encore l'impact potentiel des droits de douane américains et a annoncé des mesures de soutien au secteur des semi-conducteurs.
Un des facteurs déterminants sera de savoir si ces droits de douane s'appliquent uniquement aux puces expédiées aux Etats-Unis, ou également aux composants des produits finis.
La grande majorité est partie vers d'autres pays pour y être incorporée à des produits électroniques destinés à l'exportation.