Puces taxées à 100%: l'Asie sous pression pour investir aux Etats-Unis

10:327/08/2025, الخميس
AFP
Des exemptions pourraient s’appliquer aux "puces haut de gamme et aux machines de lithographie", mais une taxe de 100 % "condamnerait les fabricants de puces bas de gamme, notamment en Malaisie, ou les exportateurs chinois de composants bon marché".
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Des exemptions pourraient s’appliquer aux "puces haut de gamme et aux machines de lithographie", mais une taxe de 100 % "condamnerait les fabricants de puces bas de gamme, notamment en Malaisie, ou les exportateurs chinois de composants bon marché".

L’Asie digérait jeudi l’annonce de Donald Trump de taxer à 100 % les semi-conducteurs importés et d’accroître la pression sur les entreprises pour qu’elles produisent aux États-Unis: une politique qui pourrait épargner Apple, fort de nouveaux investissements, ainsi que le géant taïwanais TSMC.

Alors que les ventes mondiales de semi-conducteurs atteignent des niveaux records portés par l’essor de l’intelligence artificielle (IA), Washington s’inquiète de la dépendance américaine à ces composants stratégiques. Depuis avril, une enquête est en cours pour examiner les vulnérabilités du pays dans ce secteur.


Mercredi, Donald Trump a déclaré vouloir imposer des taxes
"autour de 100 %"
sur les puces importées, sans préciser de calendrier.
"C’est une bonne nouvelle pour les entreprises qui produisent aux États-Unis (...) Si vous vous êtes engagé à y fabriquer ou si vous êtes en train de le faire, vous ne paierez rien"
, a-t-il affirmé depuis la Maison Blanche.

À ses côtés, Tim Cook, PDG d’Apple — grand consommateur de puces pour ses iPhones — a annoncé un investissement supplémentaire de 100 milliards de dollars dans le pays.

Donald Trump cible depuis longtemps les semi-conducteurs, accusant notamment Taïwan d’avoir
"volé"
l’industrie américaine. Toutefois, TSMC, leader mondial dans la production de puces sophistiquées — utilisées tant par Apple que par les supercalculateurs de Nvidia — pourrait aussi être épargné, grâce à ses projets industriels aux États-Unis.

Le groupe taïwanais a promis dès mars 2025 d’investir 100 milliards de dollars pour construire des usines américaines.
"TSMC est le principal exportateur de Taïwan et possède des usines aux États-Unis: il est exempté"
, a assuré jeudi Liu Chin-ching, directeur du Conseil national de développement taïwanais.

Taïwan a exporté 7,4 milliards de dollars de semi-conducteurs vers les États-Unis en 2024.

"Orientation stratégique"


Les marchés asiatiques ont salué cette annonce: TSMC bondissait de près de 5 % jeudi à la Bourse de Taipei. Samsung Electronics, allié à Texas Instruments pour des sites de production aux États-Unis, progressait de 1,96 % à Séoul. SK Hynix gagnait 0,9 %.


La Corée du Sud -qui a exporté 10,7 milliards de dollars de puces vers les États-Unis en 2024- a exprimé son souhait de bénéficier du statut de
"nation la plus favorisée"
.

"La surtaxe aura un impact évident sur l’orientation stratégique future des entreprises de semi-conducteurs"
, explique à l’AFP Arisa Liu, chercheuse à l’Institut de recherche économique de Taïwan.

Selon elle, les États-Unis, en tant que leader de l’IA et du calcul haute performance, resteront incontournables pour les fabricants de puces avancées.
"Mais l’avenir est très incertain, car la hausse des coûts de production pourrait poser problème."

Pour Alicia Garcia-Herrero, économiste chez Natixis, les capacités de production aux États-Unis ne sont pas encore opérationnelles:
"TSMC n’a pas encore commencé à produire, Samsung débute à peine, et SK Hynix n’y est pas implanté."

"Indispensables"


La menace protectionniste a aussi pesé sur les valeurs technologiques japonaises: Tokyo Electron perdait 2,73 %, Renesas 3,44 %.

Les PME nippones, très exposées,
"pourraient vaciller"
, observe Andrew Jackson, analyste chez Ortus Advisors. Mais leurs équipements, essentiels à la fabrication de puces,
"resteront indispensables pour accroître la production américaine"
.

Des exemptions pourraient s’appliquer aux
"puces haut de gamme et aux machines de lithographie"
, mais une taxe de 100 %
"condamnerait les fabricants de puces bas de gamme, notamment en Malaisie, ou les exportateurs chinois de composants bon marché".

Selon Chiang Min-yen, du Research Institute for Democracy, Society, and Emerging Technology à Taïwan, la stratégie américaine pourrait se retourner contre elle. Il alerte:


Les fabricants de puces historiques n’ont pas tous les moyens de suivre TSMC aux États-Unis. Cette politique risque de fragiliser leur production et de favoriser la concurrence déloyale chinoise.

Avec, à terme, le risque
"de dépendre davantage des puces chinoises, ce qui nuirait à notre cybersécurité"
, conclut-il.

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