Empêtrés dans des remous de politique intérieure, les dirigeants français et allemand suscitent des inquiétudes quant aux capacités du moteur historique de l'Union européenne à opérer les changements nécessaires pour relever ses multiples défis.
La dissolution décidée par le président français Emmanuel Macron, le 9 juin, après la débâcle de son parti aux élections européennes, a plongé la France dans une profonde crise politique.
La possibilité est désormais réelle qu'au deuxième tour des législatives dimanche, l'extrême droite prenne le pouvoir. Ou que le pays devienne ingouvernable faute d'alliance entre le camp présidentiel (centre-droit), la gauche et la droite traditionnelle, unis électoralement pour faire barrage au Rassemblement national de Jordan Bardella.
Guerre en Ukraine, conflit israélo-palestinien, défis environnementaux, décrochage économique vis-à-vis de la Chine ou des Etats-Unis, intégration de nouveaux pays membres: la vitalité et la bonne entente du couple franco-allemand est pourtant cruciale pour que l'UE avance ses pions.
Marc Ringel, directeur de l'Institut franco-allemand, qui voit mal comment le duo pourrait à présent peser sur l'UE, souligne:
C'est toujours les projets communs (entre Paris et Berlin) qui ont fait bouger l'Europe.
Ces dernières années, Paris a largement pesé à Bruxelles, poussant le plan de relance après la pandémie de Covid, défendant une régulation numérique, impulsant le soutien à l'Ukraine contre la Russie et tentant au passage de bâtir une véritable Europe de la défense.
Choc
Je croise les doigts pour que les Français que j'aime (...) réussissent à empêcher un gouvernement dirigé par un parti populiste de droite.
Vers une Italie plus influente ?
La présidente du Conseil des experts économiques du gouvernement allemand, Monika Schnitzer, a, elle, invité son pays à se tourner vers d'autres partenaires dans une interview mardi à l'hebdomadaire Der Spiegel.
Et pendant que le duo se délite, les yeux sont rivés vers la Première ministre italienne, qui pourrait profiter de la situation.
Le chercheur François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique, souligne:
Georgia Meloni a compris bien avant d'arriver au pouvoir que l'Union européenne n'était pas simplement un mal nécessaire, mais qu'elle pouvait être un vecteur d'influence.
Mais Rome a besoin de l'UE, tempèrent les experts. Donc, à terme, aura aussi besoin des soutiens de Paris et Berlin.