A l'aide d'une cloche, une femme appelle les fidèles à venir prier dans l'église de bric et de broc d'un camp de déplacés, malgré la peur des combats en cours dans l'Est de la Birmanie.
Dans cette région à majorité chrétienne, des milliers de jeunes urbains ont cherché refuge dans la jungle pour fuir la répression visant le mouvement pro-démocratie qui a suivi le coup d'Etat de 2021 en Birmanie. Nombre d'entre eux se sont portés volontaires pour rejoindre des groupes armés de défense du peuple (PDF) qui combattent la junte au pouvoir.
A Demoso, dans l'Etat de Kayah, un chemin de terre mène à l'église locale, où les habitants prient, étudient et mangent, sous la menace de frappes aériennes de l'armée. Mar Thi Yar, 45 ans, est fier du site construit l'été dernier par des fidèles à l'aide de bâches et de bois coupé dans la jungle avoisinante. Chaque soir, l'église est remplie de vie, assure-t-il.
Nous n'avons que le soutien de Dieu dans nos vies.
Dans un autre camp, Daw Yit, 27 ans, enseigne à 72 enfants déplacés dans une école qu'elle a contribué à fonder en décembre.
Aucune sécurité mentale
D'habitude, s'il y a une frappe aérienne, nous fuyons dans la forêt pour nous cacher.
Quand le danger ne vient pas du ciel, il frappe au porte-monnaie. L'inflation et les cahots d'une économie chancelante depuis le putsch ont réduit les ressources des organisations humanitaires.
Qu'après cette révolution
Les combats se sont intensifiés ces dernières semaines dans l'Etat de Kayah (est), où s'est propagée l'onde de choc de l'attaque lancée contre la junte, fin octobre, dans l'Etat de Shan (nord) par trois groupes ethniques minoritaires. Cette offensive coordonnée pose une menace militaire d'une ampleur inédite pour la junte depuis le putsch, selon des experts.
Cette situation n'avait pas trop changé avec l'arrivée au pouvoir du prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, comme Premier ministre. D'ailleurs, Malala Yousafzai, la jeune Pakistanaise Prix Nobel de la paix 2014, avait critiqué, son homologue birmane, Aung San Suu Kyi, pour son silence dans le drame des Rohingya, une minorité musulmane vivant en Birmanie et persécutée par le pouvoir.
Elle a dit : "Chaque fois que je regarde les informations, j’ai le cœur brisé face aux souffrances des musulmans rohingya de Birmanie." La situation dramatique et humanitaire sur place ne fait plus la une des médias. Les réfugiés tentent de fuir vers des pays voisins comme le Bangladesh ou l'Indonésie.