Un groupe de combattants birmans pro-démocratie prépare des drones pour attaquer une base militaire, dernière cible d'une vague d'attaques à l'aide de bombes aériennes artisanales qui marque un tournant dans la guerre contre la junte au pouvoir.
C'est à notre portée.
Quelques minutes plus tard, les drones atteignent la position et, sur pression d'un bouton, lâchent leurs bombes.
Avec ces attaques, les combattants veulent disputer la domination du ciel à la junte et ses avions et hélicoptères russes et chinois.
L'alliance de groupes armés issus de minorités ethniques birmanes qui combat la junte a utilisé 25.000 bombes aériennes lors de sa récente offensive, a-t-il déclaré le mois dernier.
Soe Thuya Zaw admet que ses drones ont une portée limitée, ce qui rend chaque attaque risquée.
Nous sommes dans la zone rouge et les militaires peuvent nous frapper à tout moment.
Mais ces dernières semaines, des opérations à travers la Birmanie ont chassé la junte de ses positions, touché des aéroports et tué un haut gradé près de la frontière chinoise.
Faire cuire la poudre
Dans un atelier de fabrication de bombes artisanales, caché dans les collines du nord de l'État Shan, des générateurs au diesel crachotent, à côtés d'outils électriques, bobines de fil et tuyaux en plastique.
L'unité de drones des PDF de Mandalay, qui utilise aussi des imprimantes 3D pour produire des prototypes, a été créée par deux étudiants en ingénierie. Elle compte désormais plus de 50 membres, dont environ un tiers de femmes, selon Soe Thuya Zaw.
Selon les analystes, il s’agit du plus grand défi auquel l'armée birmane est confrontée depuis qu’elle a renversé en 2021 le gouvernement élu démocratiquement d'Aung San Suu Kyi.
"L'ère des drones"
A la nuit tombée près de la ville de Namhsan dans l'État Shan, au début du mois, un commandant de l'armée de libération nationale des Ta'ang (TNLA) a fait larguer des bombes contre les troupes de la junte qui occupaient une usine de thé.
Après plusieurs frappes, les combattants du TNLA ont pris le contrôle des rues criblées de balles de Namhsan, dernière ville à tomber aux mains de l'alliance.
Certains ont hébergé et formé les nouveaux groupes de combattants qui ont émergé après le coup d’État.
Sans vouloir indiquer où et comment le groupe s'est procuré drones et munitions, le TNLA assure n'être sous le contrôle d'aucun pays étranger.