"Ce qui se passe à Gaza est un génocide !": Le président brésilien s'en prend violemment à Israël

La rédaction avec
09:415/06/2025, jeudi
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Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva
Crédit Photo : Evaristo SA / AFP
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a de nouveau exprimé, mardi, sa ferme condamnation de la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza, qu’il a qualifiée sans détour de “génocide”.

Lors d’une conférence de presse tenue au palais présidentiel du Planalto, à la veille de sa visite d’État en France, Lula a dénoncé la brutalité de l’offensive israélienne.


“Ce qui se passe à Gaza, ce n’est pas une guerre, c’est un génocide ! Une armée est en train de tuer des femmes et des enfants”
, a-t-il déclaré devant les journalistes, accusant Israël de cibler délibérément les civils.

Le président brésilien a également répondu à une déclaration de l’ambassade israélienne à Brasilia, publiée la veille, selon laquelle les dirigeants internationaux seraient
“dupés par les mensonges du Hamas”
. En réaction, Lula a critiqué la posture d’Israël:
“Ce pays doit cesser de se faire passer pour une victime. Il est temps de reconnaître la réalité: ce qui se passe à Gaza est bel et bien un génocide.”

Lula a souligné que de nombreuses voix à travers le monde, y compris en Israël, s’élèvent contre l’offensive militaire. Il a cité une lettre d’un ancien Premier ministre israélien, ainsi qu’un manifeste signé par un millier de militaires israéliens dénonçant eux aussi un génocide.

Faisant part de son indignation face aux souffrances humanitaires, Lula a évoqué l’image poignante de deux enfants abattus alors qu’ils tentaient de transporter de la farine pour nourrir leur famille.
“On ne peut pas justifier la recherche de combattants en tuant des enfants et en affamant des populations entières”
, a-t-il ajouté.

Appelant à un sursaut de conscience de la part des dirigeants israéliens, il a souligné que l’histoire douloureuse du peuple juif devrait inciter Israël à faire preuve de plus d’humanité envers les Palestiniens.
“Ils traitent les Palestiniens comme des citoyens de seconde zone”
, a-t-il déploré.

Depuis le début de la guerre en octobre 2023, le Brésil milite activement pour un cessez-le-feu durable, condition essentielle à l’acheminement d’une aide humanitaire soutenue. Lula et son gouvernement n’ont cessé de critiquer la stratégie militaire du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, que le chef d’État a récemment accusé d’agir par vengeance contre le peuple palestinien.


Le ministère brésilien des Affaires étrangères a également publié plusieurs communiqués mettant en cause la légitimité juridique et morale des opérations israéliennes. Mauro Vieira, ministre des Affaires étrangères, a qualifié la situation à Gaza de “carnage” lors de récentes auditions parlementaires. Brasilia exige un retrait total des troupes israéliennes de Gaza et dénonce les blocages humanitaires persistants, alors que l’ONU alerte sur un risque imminent de famine.


Selon les autorités de santé de Gaza, plus de 54 600 Palestiniens ont été tués depuis le début du conflit, dont une majorité de femmes et d’enfants. En novembre 2024, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Israël est également poursuivi devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour génocide.


Visite stratégique de Lula en France dans un contexte tendu


C’est dans ce climat diplomatique tendu que Lula est arrivé ce mercredi en France pour une visite d’État, la première d’un président brésilien depuis 2012. À partir de jeudi, il rencontrera Emmanuel Macron pour discuter des relations bilatérales, mais aussi de la guerre à Gaza, du conflit en Ukraine et des tensions commerciales liées à l’héritage politique de Donald Trump.


Dans un communiqué, l’Élysée a insisté sur l’importance de resserrer les liens avec le Brésil, un acteur clé du Sud global et président en exercice des BRICS cette année. Après avoir accueilli Macron à Brasilia en mars, Lula sera reçu à l’Élysée pour un déjeuner en tête-à-tête, suivi d’un dîner d’État. Plus d’une douzaine d’accords de coopération devraient être signés.


Le président brésilien participera également à un sommet économique à Monaco le 8 juin, avant de rejoindre Emmanuel Macron à Nice pour l’ouverture de la 3e Conférence des Nations unies sur les océans.


Cette visite est perçue comme une opportunité stratégique, tant pour la France que pour le Brésil. Elle intervient alors que les négociations autour d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur piétinent, Paris y étant farouchement opposé.

La position critique de Lula à l’égard d’Israël pourrait influencer les échanges diplomatiques avec les partenaires européens, au moment où le Brésil intensifie ses appels en faveur de la reconnaissance pleine et entière d’un État palestinien.
“Le Brésil a été le premier pays d’Amérique du Sud à reconnaître l’État de Palestine”
, a rappelé Lula, soulignant que seule cette reconnaissance pourra ouvrir la voie à la paix.

Il a accusé Israël de refuser cette reconnaissance et de multiplier les attaques contre les territoires palestiniens, y compris en Palestine occupée, où les colons ciblent régulièrement les agriculteurs.


La visite en France pourrait aussi permettre à Lula d’appuyer une initiative franco-saoudienne à l’ONU prévue mi-juin, visant à relancer le processus de paix israélo-palestinien sur la base d’une solution à deux États. Dans ce contexte, la voix du Brésil, très écoutée au sein du Sud global, pourrait s’avérer décisive.


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